Slovaquie, nord et est de la Hongrie - par monTdM le 29/11/2011
Un peu de retard pour diffuser cette nouvelle mais pour compenser je vous ai sélectionné beaucoup de photos et quelques nouveautés techniques.
Je commence la visite de la Slovaquie par... une église en bois, l'une des 8 classées à l'Unesco parmi les 40 à 50 existantes dans ce pays. Ici, elles sont presque toutes de type gréco-catholiques (selon une petite carte que je récupèrerai quasiment le dernier jour de mes visites). Je verrai toutes celles de l'Unesco plus quelques autres, choisies dans un livre avec photos que je consulterai à l'accueil d'une des églises. A la différence de la Pologne, j'arriverai à voir également l'intérieur de la majorité de ces églises car malgré qu'elles soient toutes fermées, il y avait presque toujours un écriteau avec le nom et l'adresse d'une personne du village qui avait la clé.
Ici, pas d'intégrisme notoire, les croyants sont ouverts et accueillants, pas de hauts-parleurs, pas de papy outré : vive la liberté qui respecte celle des autres.
On approche du 1er novembre et les cimetières commencent à être très fleuris.
Lors de ma visite de la 1ère église en bois (contenant un retable en bois incroyable), je croise un couple de retraités belges qui tournent depuis 6 semaines dans ce pays. Ils me parlent entre autres des Tatras (chaine de montagnes au nord) où ils ont randonné en rencontrant de la neige à partir de 1 200 mètres. Cela ne me rassure pas car je voulais y aller et avec une neige si basse je crains de ne pas pouvoir faire de marches très intéressantes. Ils me disent aussi avoir vu des traces de loups, de lynx et d'ours (3 animaux qui demeurent effectivement dans ces montagnes) mais j'y crois à moitié.
En dehors des églises en bois, il y a beaucoup d'autres biens classés et je commence par le village de Vlkolínec, village traditionnel d'Europe central avec ses maisons... en bois ;). Le village est petit et assez joli. Les maisons sont dans le même style que celles du village vu juste avant de quitter la Pologne sauf qu'ici elles sont peintes de différentes couleurs. Je ne suis pas sûr que ce soit très "authentique".
J'enchaîne ensuite plein sud avec la ville de Banská Štiavnica. Cette ville est une ancienne ville minière avec plusieurs églises, 2 châteaux et des bâtiments à l'architecture très variée : j'ai beaucoup aimé car la ville malgré sa petite taille est construite au milieu de collines qui permettent de la voir de différentes hauteurs et les toits sont magnifiques par leur diversité. Malheureusement beaucoup de maisons sont en assez mauvais état, cela manque clairement d'argent.
Je ne visite pas la mine, car j'en ai déjà vues beaucoup. Par contre, je conseille un calvaire impressionnant composé de nombreuses chapelles et d'un chemin de croix avec des reliefs en bois remarquables. Hélas des vandales sont passés par là en 2004 et ont tout ravagé. Une association s'est créée pour essayer de trouver des mécènes pour restaurer le site. Beaucoup d'étapes du chemin de croix sont vides hormis d'une photo montrant le relief en attendant les restaurations et l'une des chapelles est en cours de travaux. Le peu qui a déjà été remis en état m'a cependant impressionné et j'espère que tout pourra redevenir comme auparavant rapidement.
Je fais ensuite un petit saut toujours plein sud en Hongrie car le village de Hollókő, classé, n'est pas très loin. Le village ne vit que du tourisme et cela se voit un peu trop. Il est représentatif de l'habitat rural des XVIIe et XVIIIe siècle. Cela ne m'a pas spécialement emballé.
Je remonte alors en biais à la frontière de la Slovaquie qui partage avec la Hongrie un ensemble de grottes classées du fait des très nombreuses concrétions qu'elles contiennent. J'en visiterai 5 sans regrets car les stalactites, stalagmites, colonnes, draperies et autres sont excessivement nombreuses et de couleurs très variées. Il y a aussi des chauve-souris, quelques fossiles dans les parois ainsi que des restes préhistoriques.
Dans 2 des grottes, des salles particulièrement grandes ont incité à l'installation de sono (une des salle est même une vraie salle de concerts organisés, avec estrade et chaises) et on assiste à des sons et lumières. La partie lumières est très bien mais le son, c'est pas vraiment cela, l'acoustique étant plutôt mauvaise : ils ont dû confondre volume sonore avec qualité sonore (en plus, chaque chaise est percée de 4 petits trous... pour évacuer l'eau qui tombe du plafond : quand on arrive c'est donc presque sec, mais quand on y est, il faut prévoir des parapluies !
Pour visualiser correctement cette photo, il vous faut des lunettes 3D rouge/cyan.
Une des grottes visitées a été découverte par hasard lors de travaux dans une mine qui ont débouché un jour dans une caverne non connectée naturellement avec l'extérieur. Lors de la visite, après un cheminement de plusieurs centaines de mètres dans la mine abandonnée le long de rails où on peut découvrir quelques wagons et autres matériels laissés sur place, on commence à descendre des échelles plutôt raides pour voir 2 petits lacs pas totalement explorés selon la guide. C'est très étroit (attention aux claustrophobes), la grotte est plutôt de type goufre donc peu de stalactites et stalagmites mais les parois sont totalement recouvertes de très belles concrétions type draperies ou choux-fleurs : malgré le prix assez élevé de cette visite par rapport aux autres, j'ai bien aimé son originalité.
Direction plein nord vers Spišský Hrad et Levoča, 2 ensembles où il y a de nombreux bâtiments du XIIIe et XIVe siècle à l'architecture restée intacte.
Le premier comporte notamment un château construit à l'origine en pierres et en bois, ce dernier matériau étant parti en fumée depuis longtemps. Il reste quand même pas mal de choses dont une grande tour ronde au sommet et un petit musée avec notamment divers matériels de torture. Hélas la chapelle a été restaurée et c'est complètement raté, on a l'impression de béton frais au milieu des pierres du château. Une zone n'était pas accessible du fait de travaux en cours, j'espère que cela sera mieux fait.
Toujours dans ce premier ensemble, on trouve des couvents, des églises et divers autres bâtiments. Comme à Banská Štiavnica, c'est hélas en assez mauvais état général même si des restaurations sont en cours.
Le second ensemble (Levoča) est en fait une ville avec un hôtel de ville, quelques églises, de très beaux immeubles et des remparts avec quelques portes et tours. L'intérieur de l'église Saint-Jacques est totalement stupéfiant avec des retables et des autels sculptés par Maître Pavol au début du XVIe siècle. Hélas aucune photo n'est autorisée. C'est bien dommage car j'ai rarement vu une réalisation aussi parfaite (ah si, le retable en bois de la première église en bois de Slovaquie, cf. la première photo de cette nouvelle). Le retable principal est de taille impressionnante (presque 20 mètres de haut), il est même "vendu" comme le plus haut du monde sauf qu'ils ont dû oublier d'aller à Séville puisque celui de sa cathédrale le dépasse de plus de 8 mètres.
Je suis juste à côté des Tatras, plus exactement de la partie est, la plus intéressante car la plus escarpée et avec les plus hauts sommets (maxi = 2 655 mètres). J'y resterai 3 jours à faire différentes balades dont un sommet à un peu plus de 2 400 mètres. Il fait un temps magnifique depuis plus d'une semaine et la neige a bien fondu si on compare aux informations du couple belge : dans les vallées un peu encaissées et mal exposées elle apparait un peu au dessus de 1 500 mètres, mais au delà de 1 900 mètres sur les versants plein sud (ce qui était le cas pour la rando vers le sommet).
Comme je m'y attendais les parties en dessous de 1 500 mètres sont sans intérêts (forêts de résineux), d'autant plus que les arbres sont apparemment très malades (toutes leurs aiguilles sont marrons) et ils font l'objet d'abattages en masse : une forêt où il ne reste que des souches et des branches cassées, ce n'est pas vraiment esthétique ! Heureusement, au dessus, ils sont en meilleur santé, puis on aboutit dans des zones principalement rocheuses (peu d'alpages) avec quelques lacs entourés de nombreux pics. C'est bien sympa sous le ciel bleu. Et à marcher, il fait presque chaud... quand je ne suis pas à l'ombre.
Pendant ma montée vers le sommet viennent se poser près de moi 4 pics qui se disputent et commencent à taper sur des troncs. J'arrive à en prendre 2 en même temps sur le même arbre, mais la photo est malheureusement un peu floue (c'était assez sombre et l'un des 2 a bougé).
Plus tard, je me fais doubler par un jeune homme seul qui me met 200 mètres en quelques minutes. Je suis un peu dégoutté et manque abandonner, mais mon GPS indique que je ne suis plus qu'à 150 mètres d'altitude sous le sommet alors je continue. A mon arrivée, je suis particulièrement content et je ne peux m'empêcher de dire 3 mots en français. Et là, contre toute attente, celui qui m'a doublé et est en train de grignoter me répond... en français et pour cause, il l'est ! On commence à discuter, finalement on redescendra et on dinera ensemble avant de se quitter à une heure bien avancée. Il s'appelle Sylvain, habite depuis 1 mois à Varsovie où il a suivi une copine polonaise rencontrée en France et il attend le printemps pour démarrer une étude sur les coccinelles, sa spécialité, dans un parc en Pologne. Bref, une journée étonnante et plus que sympathique.
Je quitte les Tatras pour aller voir juste à côté la ville de Kežmarok qui contient une église en bois protestante, classée, mais également d'autres choses intéressantes que je survole. L'église en bois est extérieurement un peu compacte, donc pas très belle, avec un environnement proche la rendant difficile à prendre en photo. Mais l'intérieur est splendide, d'une richesse inouïe avec des balcons, une chaire et un autel en bois et des peintures magnifiques. Hélas, les photos sont interdites comme pour l'église de Levoča alors que ce sont les 2 plus beaux monuments que j'ai vus en Slovaquie.
Je continue plein est vers Bardejov (tout en continuant à voir quelques églises en bois). Maintenant que le 1er novembre est passé, les cimetières sont magnifiquement fleuris.
Bardejov est classée en tant qu'exemple d'une ville médiévale fortifiée. Malheureusement je la visite un dimanche et le centre pour les touristes est bizarrement fermé le week-end. Alors je vais un peu au hasard car je n'ai aucun plan pour me guider : je verrai une très belle basilique Saint-Gilles contenant notamment de magnifiques retables, un vieil hôtel de ville au milieu d'une grande place, quelques autres églises, de vieux remparts avec des tours et de belles maisons. C'est en assez bon état, la visite est plaisante mais je rate le quartier juif et sa "superbe" synagogue (selon l'Unesco). Dommage car jusqu'à maintenant, toutes les synagogues vues étaient sans intérêts (je parle de celles de cette seconde partie de mon voyage : j'en ai vues de très belles en Espagne).
J'ai un peu de mal à trouver l'église en bois suivante (non classée mais vue dans le livre) car elle n'est plus dans son village d'origine, elle a été déplacée dans un musée de l'architecture slovaque en bois (avec une autre d'un autre village) et ce n'est pas très loin de Bardejov. Outre ces deux églises (toutes les deux très belles dans un style très différent), on y trouve des maisons, granges et clochers, tout cela authentique car ils ont été démontés de différents coins de la Slovaquie pour être emmenés ici et complétés avec du mobilier et ustensiles d'époque. Lieu magnifique, cela valait le temps passé à le trouver. Juste par curiosité, je suis allé voir l'un des villages où l'on avait enlevé leur église. Qu'on se rassure, malgré sa petite taille, il en avait encore 2 autres.
Direction toujours plein est, à la frontière de l'Ukraine, pour voir des forêts de hètres, classées à l'Unesco car représentatives de l'expansion de cet arbre dans l'hémisphère nord. Au total, 15 forêts sont classées, 5 en Allemagne (depuis cette année), 5 en Ukraine et 5 en Slovaquie. Il me reste une église en bois classée à voir et sur la route qui y mène il y a 3 forêts. Manque de chance, les coordonnées GPS localisant ces forêts sont difficiles d'accès. Je n'arrive pas trouver de chemin pour la première (une rivière sans pont et des zones agricoles m'en séparent), elle est à contre jour et trop loin pour que je puisse voir quelque chose. La seconde est un peu mieux, même s'il faut que j'entre "discrètement" dans une carrière en fonctionnement pour l'atteindre. La troisième est un peu comme la première : petite colline à pente très raide avec à son pied encore une petite rivière. En longeant à pied celle-ci, j'arrive cependant à en voir un peu. Je ne regrette pas cette dernière tentative d'autant que pour arriver là, j'ai vu dans la lumière de mes phares plus de 20 chevreuils qui mangeaient tranquillement (avant que j'arrive) dans différents prés que j'explorais dans l'espoir de trouver un site pour la nuit.
Avec cette troisième forêt je suis dans un cul de sac : selon ma carte, la route que je viens d'emprunter sur 25 km ne débouche que sur la frontière ukrainienne, je ne peux donc continuer. Sauf que un ou deux jours auparavant en surfant sur Internet, j'avais vu apparaître en zoomant fortement une toute petite route qui m'éviterait peut-être de revenir en arrière. Sur place, cela s'avère être une piste forestière qui démarre avec un beau panneau "interdiction à tout véhicule" mais aussi un petit panonceau en dessous, sûrement une exception que je ne comprends évidemment pas car écrit en Slovaque. Je décide d'y aller, avec bonheur car en fait je traverse sur plus de 10 km une forêt de hêtres magnifique (avec les couleurs d'automne), non classée...
Une petite frayeur quand même : à mi-chemin, je vois arriver en face de moi... une voiture de police ! Elle s'arrête un peu devant moi, je fais pareil en me rangeant sur le côté, elle repart... et passe tranquillement à côté de moi, les 2 policiers me regardant mais sans rien dire ni faire aucun signe. Je devais être dans les exceptions !
Je finis mon tour de la Slovaquie avec la dernière église en bois classée. Pour une fois, je n'obtiens pas la clé (la personne qui l'a est absente), donc la visite est rapide.
Avant de repasser en Hongrie, je m'arrête dans une grande ville pour essayer de trouver une laverie car le linge sale s'accumule. Bizarrement on me dit que cela n'existe pas en Slovaquie. Je n'insiste pas en me disant que j'essaierai en Hongrie. Le lendemain, juste avant la frontière, je me lève et constate qu'il fait étonnamment bon (j'ai eu les jours précédents pas mal de froid avec un ciel magnifiquement bleu, probablement un anticyclone venu du nord). Alors j'en profite pour me faire une petite lessive à la main. J'étends mon linge entre la voiture et des arbres mais les jours sont courts, la nuit tombe et ce n'est pas encore sec. J'avais déjà eu ce problème en Espagne : pour éviter l'humidité de la nuit, je tends une corde à l'intérieur de la voiture et y suspends mes vêtements qui sècheront par petites vagues pendant 3 jours, la zone d'étendage étant trop courte pour tout mettre d'un coup.
Je franchis la frontière et arrive rapidement dans la région classée du Tokaj, vin hongrois réputé. Je vois de belles vignes (sous les couleurs de l'automne, c'est quand même mieux : voir ma nouvelle sur les vignobles suisses en avril de cette année) et aperçois quelques endroits où des gens ramassent encore du raisin (c'est la période des vendanges tardives). Je visite une très belle cave ainsi qu'une distillerie en fonctionnement. Mon guide (je suis seul avec lui) est sympa, il a entre autres du vin clairement liquoreux que je pourrai boire le soir en apéritif (je ne bois jamais d'alcool quand je roule), alors je me laisse tenter et lui achète 2 bouteilles différentes (j'en ai goutté une, pas trop mal mais un peu déçu quand même).
Je descends alors vers Debrecen puis plein ouest dans un aller-retour pour voir le parc d'Hortobágy, vaste zone de plaines et de marécages qui font le bonheur de différents animaux d'élevage (vaches, chevaux et moutons de variétés spécifiques) et sauvages (oiseaux mais aussi chevreuils, loutres et poissons). J'y resterai 3 jours, me concentrant sur les sauvages bien sûr et je verrai pour certaines espèces de très (très !) nombreux exemplaires (canards, oies, foulques, aigrettes, hérons et cormorans mais aussi poissons car j'assiste à une pêche technique organisée par des gardes-pêche et les poissons sont transférés dans de grands conteneurs) et pour d'autres seulement quelques uns (rapaces divers en liberté ou dans un centre de conservation pour rapaces blessés, 6 chevreuils, 4 faisans et je crois une ou deux loutres, mais trop furtivement pour être sûr).