Finalement encore un peu d'Allemagne et est de la Suisse - par monTdM le 14/11/2012
Dans ma dernière nouvelle, je vous ai indiqué avoir vu 8 des 9 biens classés en Autriche et 36 des 37 allemands, celui manquant pour chacun de ces pays étant le même. Il concerne des villages palafittiques préhistoriques autour des Alpes... autrement dit, des constructions lacustres du néolithique et de l'âge de bronze. Le site internet de l'Unesco en énumère 111 répartis dans 6 pays et centrés autour de la Suisse. Je n'avais pas l'intention d'aller voir les 111 sites, surtout qu'ils devaient être réalisés à l'époque en bois et en paille et qu'il ne doit pas en rester grand chose. Après analyse de leur localisation, j'ai vu qu'il y en a pas mal autour du lac de Constance. Je décide donc finalement avant de partir pour la Suisse de passer à l'office de tourisme de cette ville pour voir s'ils ont des informations et si des choses sont accessibles au public. On me donne alors une petite brochure : un musée a été créé à Uhldingen-Mühlhofen, avec notamment la reconstruction d'un village "d'époque". C'est en fait l'un des 2 seuls sites parmi les 111 véritablement visibles : celui-là est en Allemagne, l'autre en Italie.
Comme le musée est de l'autre côté du lac, qu'ensuite il faudra que je revienne pour passer en Suisse et que par la route cela ferait un long trajet, je décide de laisser ma voiture près d'un port qui assure une traversée piéton régulière, puis de prendre un bus qui m'amène juste à côté du village reconstitué. Le musée est très intéressant, les huttes sont nombreuses, il y a des passerelles et palissades en bois et une exposition de divers outils et ustensiles trouvés sur différents sites archéologiques. La visite est guidée pour accéder à certaines huttes où sont enfermés certains objets, avec des explications orales en allemand mais il y a quelques panneaux en anglais qui me suffiront.
Finalement, j'aurai donc vu l'ensemble des 37 biens allemands inscrits à l'Unesco ainsi que les 9 biens autrichiens si on considère que rien n'est visible pour le public dans ce pays pour le dernier bien qui me manquait.
Le soir dans un hôtel je vois que la météo s'annonce très mauvaise, avec de la pluie abondante et du froid ce qui signifie beaucoup de neige même à basse altitude. Je décide donc de rester près de Constance pendant deux jours, point le plus bas (400 m) de mon itinéraire à venir où les risques seront les moindres. Il tombera quelques flocons mais surtout de la pluie, donc le peu de neige que j'aurai (des traces dans les champs) disparaîtra très rapidement.
Je reprends la route et entre en Suisse facilement car étonnamment il n'y a personne au poste frontière. Rapidement, la campagne devient très blanche et quand j'arrive à Saint-Gall, il y a près de 40 cm dans la ville pourtant située seulement à 675 m. Mais je suis impressionné par les moyens mis en œuvre pour dégager routes (toutes sont déjà praticables) et trottoirs : outre les engins habituels, je croise des voitures équipées d'une lame à l'avant, des fraises qui envoient la neige dans un camion, des mini-fraises pour dégager les trottoirs et un nombre impressionnant de personnes à pied avec des pelles pour parfaire le travail. Les Suisses sont des vrais "pro" du déneigement !.
Saint-Gall est classé pour son couvent, originaire du VIIIème siècle, mais dont les bâtiments ont été reconstruits au XVIIIème dans le style baroque. Tout n'est pas ouvert au public (occupé en partie par une école et des administrations) mais le principal est remarquable : une cathédrale sachant mariée plusieurs couleurs avec harmonie et une bibliothèque, une des plus anciennes au monde, avec de très vieux et rares manuscrits qui attirent de nombreux historiens. Les photos sont hélas interdites dans la bibliothèque.
Avec toute cette neige, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment pour rejoindre ma prochaine destination : il s'agit du haut-lieu tectonique de Sardona, zone montagneuse classée pour sa géologie très particulière. Heureusement il va se mettre à pleuvoir (et uniquement la nuit), ce qui éliminera assez rapidement la neige à basse altitude... mais en rajoutera régulièrement sur les hauteurs. A Glorus, je récupère une carte avec les balades possibles (il y a notamment un chemin qui fait un tour exhaustif de la zone classée mais passant à des altitudes trop enneigées pour le pratiquer en totalité), ainsi que des commentaires sur les secteurs et montagnes les plus intéressants par rapport à la géologie.
Je resterai une semaine, faisant randonnée sur randonnée depuis différents points de cette zone. Les montagnes sont belles, le temps l'est moins, avec parfois du vent très fort, un ciel souvent couvert et la neige qui recommence à tomber le dernier jour. La neige est évidemment toute fraîche, je suis généralement le premier à la fouler. A chaque fois je vais jusqu'à la limite de l'heure possible pour pouvoir rentrer avant la nuit, même si une fois c'est de justesse m'obligeant à mettre de la lumière à la voiture pour pouvoir me changer.
Je suis surpris par le nombre de chasseurs que je croiserai et par (conséquence ?) le peu d'animaux (chamois et bouquetins, les marmottes dorment déjà, évidemment). J'assiste quand même à une scène originale : de très nombreux choucas viennent faire leur ablutions dans le torrent juste à côté de moi.
Je suis également étonné de trouver en pleine montagne des poubelles avec des sacs pou ramasser les crottes de chiens, alors qu'il y a des vaches, des moutons et des chèvres partout qui, je pense, ne connaissent pas la "propreté" (sans parler que dans toute ma traversée de la Suisse, je n'arriverai pas à trouver une seule poubelle de recyclage à part pour le verre et il a fallu attendre mon retour en Italie pour me débarrasser de mes déchets plastiques, métalliques et papiers/cartons).
Lors d'une de mes randonnées, un animal (simple chien ? loup ?) a tassé la neige sous ses pattes et le vent (très violent, je tenais parfois à peine debout) a enlevé toute la neige autour, laissant en négatif sur le sol uniquement les zones de neige tassées. Le vent saura créer également de jolies vagues de neige sur le sol ou de jolis nuages sur les crêtes. Mais il mettra aussi beaucoup de neige dans les creux devenus complètement invisibles et la neige m'arrivera parfois jusqu'à mi-cuisse, très fatiguant pour avancer.
Je pars un peu plus au sud pour Thusis, début d'une ligne de chemin de fer de presque 130 km ouverte en 1904. Cette voie ferrée est classée à l'Unesco du fait des nombreux exploits techniques qu'il a fallu mettre en œuvre il y a plus d'un siècle pour franchir une zone montagneuse. La ligne comporte deux sections correspondant aux deux massifs qu'elle franchit.
La première section (de l'Albula) monte dans des gorges et en traverse beaucoup, ce qui se traduit par de nombreux tunnels et viaducs. Beaucoup de ces derniers sont très hauts et particulièrement beaux. La route suit d'assez près le même itinéraire donc la visite est assez simple.
Sur la dernière partie de cette section (avant que le train ne passe dans un très long tunnel sous un col alors que la route continue à monter), les pentes sont tellement raides que le train à 3 endroits fait des boucles en spirales afin de gagner sur place de l'altitude. Je vous ai mis dans les photos un plan avec un zoom sur ces 3 zones, ainsi que des photos avec des flèches numérotées pour comprendre les circuits suivis.
La seconde section (de la Bernina) monte jusqu'à un col (du même nom) à 2 300 mètres avant de redescendre mais seule, la route passant par une autre vallée. Je décide donc de prendre le train pour un aller-retour d'une partie de cette section. Il n'y a pas beaucoup d'ouvrages d'arts, principalement des galeries couvertes pour protéger la ligne des congères et avalanches (beaucoup de paravalanches à certains endroits) et un beau viaduc qui fait une boucle en spirale quasi parfaite.
Mais les paysages sont magnifiques, avec les montagnes enneigées se reflétant dans un lac de barrage au niveau du col. Il ne fait pas très beau le jour de mon itinéraire en train. Par contre le lendemain le ciel est bien bleu, alors je décide de laisser la voiture au col et pars à pied sur un chemin de randonnée qui suit la ligne. Tout simplement magique !
Plusieurs jours plus que réjouissants donc, d'autant que j'arriverai à prendre en photo plusieurs oiseaux dont le fameux avec la houppette que j'avais vu lors de ma randonnée près d'Hallstatt (voir la nouvelle du 25/10/2012) ainsi qu'un chamois, apparu juste devant moi sur un rocher et qui tirait la langue un peu comme un chien.
Lors de ma marche j'ai aussi inauguré des semelles avec crampons que je venais d'acheter (j'avais fait plusieurs magasins en Suisse avant de trouver un modèle qui me satisfasse), des semelles qu'on attache sous ses chaussures avec des sangles et des scratchs : que ce soit sur la glace et un peu moins sur la neige, cela empêche de glisser et s'est avéré très efficace.
Seul bémol, un peu trop de lignes à hautes tensions à mon goût.
Le bout de la ligne se termine en Italie et il faut que je remonte un peu vers le nord pour retourner en Suisse voir un couvent. Hélas le temps est déplorable, je décide de m'arrêter en cours de route et d'attendre 2 jours la fin de la pluie qui tombe de manière continue (je suis à 1 200 m mais la neige tombe haut). Enfin le temps s'améliore mais en reprenant la route, je vois un panneau indiquant que deux cols sont fermés. Après vérification sur le trajet prévu par mon GPS, je constate que l'un me concerne. Je vais à l'office de tourisme qui m'indique qu'il n'est pas fermé temporairement à cause de la neige de ces deux derniers jours mais pour tout l'hiver (il passe à 2 500 m). Je demande comment me rendre à mon couvent, on me donne une carte et je suis obligé de faire un beau détour... par trois cols situés entre 2 100 et 2 300 m ! En les traversant, je suis surpris car la neige est somme toute peu abondante. Je passe aussi par un tunnel à voie unique, payant et plutôt cher. Beaucoup de villages ont des églises avec de très hauts clochers, un peu comme ce que j'avais vu dans le nord de l'Espagne.
Le couvent bénédictin Saint-Jean-des-Sœurs à Müstair est classé car il renferme de très vieilles peintures intérieures du IXème siècle. Il y en a beaucoup, certaines un peu pâles mais celles dans les absides sont belles. Les plafonds sont également bien décorés, l'extérieur est assez original, bref, assez plaisant.
J'ai fini la première partie de mon tour de la Suisse (6 biens classés vus sur 11), je vais aller en Italie pour terminer ce pays avant de faire la seconde partie. Pour cela, je dois revenir sur mes pas jusqu'à la ville d'arrivée de la ligne de chemin de fer. Après avoir consulté la carte remise par l'office de tourisme (très pratique car les kilométrages ont été indiqués sur les différentes sections), je constate qu'un autre itinéraire de même longueur est possible pour éviter le péage. En fait, je me retrouve à suivre à nouveau la seconde section de la ligne de chemin de fer : un petit arrêt au col à 2 300 m, il y a à peine 20 cm de plus qu'auparavant, étonnant après toute la pluie que j'ai eu.
Je suis donc maintenant en Italie. Depuis 2 jours, j'ai commencé à visiter une vallée classée à l'Unesco à cause de ses nombreux sites avec des gravures rupestres. Comme je n'ai pas fini, je vous en parlerai dans ma prochaine nouvelle.