En entrant en Suisse, je commence par m'arrêter à Lugano pour voir mon troisième et dernier musée (des sciences naturelles) contenant quelques beaux spécimens de fossiles du Monte San Giorgio (voir nouvelle précédente). Il contient également de très belles collections de champignons, de pierres et cristaux de ce canton suisse ainsi que quelques empreintes (de pas ou des excréments) d'animaux sauvages, très utiles lorsqu'on randonne beaucoup comme moi : bref, un musée très intéressant.
Puis je monte à Bellinzone, ville classée à l'Unesco pour ses 3 châteaux et ses remparts dont la pose des premières pierres remonte aux environs de l'an 1000. Ces fortifications ont été dressées pour protéger un passage stratégique alpin. Le principal bâtiment est sur une colline dans le centre ville, les 2 autres, de tailles plus réduites surtout le plus éloigné, se situent sur un flanc de la vallée. Les 3 contiennent des musées mais tous sont fermés en cette saison. Deux contiennent également des restaurants.
|
M'étant garé pour la nuit près du plus excentré de ces châteaux, je commence la visite dans cet ordre inverse. L'architecture des 2 plus petits est magnifique, avec quelques éléments en bois sur une structure de pierres colorées, de magnifiques toitures en pierre et des remparts sur lesquels on peut déambuler. Je suis par contre très déçu par le château principal, l'intérieur ayant été en partie rénové (occupé par le restaurant) dans un style immeuble en béton totalement scandaleux : à mon avis, il ne doit pas y avoir en Suisse l'équivalent des ABF.
Avant de repartir, je m'éloigne un peu sur le versant opposé afin de trouver un bon angle de vue pour photographier les 3 châteaux en même temps.
|
Il fait un temps splendide mais la neige est annoncée pour le jour suivant donc je repars rapidement pour essayer de la devancer avant mon prochain bien classé. Malheureusement, elle arrive plus vite que prévue car en reprenant la route le lendemain matin et alors qu'il n'a pas plu à l'endroit où j'ai passé la nuit (il y avait même du ciel bleu), j'arrive bientôt dans une zone où il y a de la neige fraîche sur la route, puis il commence a neigé.
Mon GPS veut me faire franchir un premier col mais qui semble être fermé. Je m'y engage quand même car la barrière est ouverte et la route a été déneigée même si elle est encore blanche. Mais au bout de quelques kilomètres, un mur de neige barre le passage et je dois faire demi-tour. Les quantités de neige sont assez importantes, ce qui m'étonne car lorsque j'ai quitté la Suisse il y a 3 semaines, il n'y en avait pas beaucoup et depuis j'ai eu globalement du beau temps dans le nord de l'Italie, sans aucun jour de pluie. De retour à la barrière ouverte, je vois qu'un second col alternatif (du Saint-Gothard) est lui aussi fermé et je suis contraint d'emprunter le tunnel qui passe sous ce col, en fait une autoroute suisse donc qui nécessiterait d'avoir la vignette que je n'ai pas. Dès le tunnel franchit, je sors de l'autoroute et me dirige ensuite vers un troisième col qui doit me conduire directement dans la vallée objet de ma destination. Ce col est lui aussi fermé mais on peut passer en dessous tout l'hiver via un tunnel ferroviaire. La traversée avec ma voiture n'est pas trop chère, c'est la première fois que je prends un train avec une voiture, en fait de simples wagons ouverts sur lequel on vient se garer et où on attend d'arriver de l'autre côté : voyage peu intéressant puisque 90% du parcours est dans le tunnel.
Je suis arrivé près des alpes suisses Jungfrau-Aletsch, territoire classé à l'Unesco car contenant des très nombreux glaciers, certains très longs. Avec la neige, je ne doute pas que je ne verrai pas grand chose mais les vallées qui contiennent ces glaciers semblent magnifiques, donc je décide d'attendre dans des restaurants ou hôtels. La neige ne s'arrêtera pas de tomber pendant 2 jours, recouvrant ma voiture de 10 à 15 cm toutes les demies journées alors que je ne suis qu'à 800 mètres d'altitude.
Le soir du 2ème jour, c'est la catastrophe. J'avais lancé le matin un scan anti-virus complet de mon ordinateur, ce que je n'avais pas fait depuis mon départ en juillet car c'est très long et je n'ai jamais le temps d'arriver au bout. Mais quand arrive le soir, je dois quitter le restaurant où je suis, la salle ayant été réservée entièrement. Il ne restait plus qu'une demie-heure de scan, je décide donc de déplacer mon ordinateur sans le fermer jusqu'à ma voiture. Je glisse ma souris délicatement entre l'écran et le clavier pour empêcher qu'il se ferme (car sinon windows est paramétré pour se mettre en mode veille ce qui fait planter l'antivirus) mais c'est une très mauvaise idée : l'écran, cassé sur la droite il y a 2 ans ce qui n'empêchait pas une utilisation presque normale, a une nouvelle fissure cette fois-ci en bas, diminuant encore la zone d'affichage. De plus, il clignote bizarrement quand je le touche, devenant parfois complètement blanc pendant quelques secondes. Le scan étant terminé, je décide de faire une copie intégrale de mon disque dur avant de l'éteindre car j'ai peur de me retrouver sans écran du tout.
Tout se passe bien jusqu'à ce que je veuille copier le répertoire contenant toutes mes photos prises en novembre : impossible d'y accéder. Le disque dur semble avoir également pris un coup, sans explications flagrantes. Je lance une réparation du disque qui corrige pas mal de secteurs défectueux, relance Windows qui me met pleins de messages d'erreurs mais semble fonctionner. Le répertoire n'est cependant toujours pas accessible. Je décide d'arrêter là pour ce soir car je suis branché sur la nouvelle batterie de ma voiture. Le lendemain matin, je vais dans un hôtel pour relancer une réparation du disque, mais l'ordinateur ne démarre plus du tout ! J'ai accès seulement à des outils de diagnostics matériels du fabriquant, qui me disent que tout est ok de ce côté là.
Il fait un temps magnifique, les glaciers doivent être accessibles via les nombreux téléphériques qu'il y a dans la vallée mais ce souci d'ordinateur m'a secoué et je décide de rentrer en France car je ne suis qu'à 4 heures de route de chez moi. Il me restait aussi à voir 3 villes suisses classées à l'Unesco mais ce sera pour une autre fois.
La route n'est pas très bonne mais j'ai de la chance, le col entre la Suisse et Chamonix est ouvert malgré les neiges très importantes qui s'y sont accumulées. Lorsque j'arrive chez moi, je vois qu'ici aussi c'est tombé très fort avec des quantités rarement vues. Peu avant mon arrivée, j'ai d'ailleurs croisé 4 chevreuils sur la route dégagée qui se sont élancés dans la neige à mon approche mais se sont éloignés très lentement par bonds successifs car ils s'enfoncaient jusqu'au cou ! Hélas il faisait déjà nuit et le temps de sortir de la voiture et d'allumer mon appareil photo, ils étaient trop loin pour mon flash qui se contentera de leurs tracés dans la neige.
Je suis de retour donc le 8 décembre peu avant 20 heures (j'ai roulé 6 heures au lieu des 4 heures prévues) avec une semaine d'avance. Cette troisième partie de mon voyage aura donc duré 4 mois et demi pendant lesquels j'ai parcouru 12 031 km et pris un peu plus de 7 000 photos.
Pendant un temps, ayant effacé une grande partie de mes photos sur ma carte SD (remplacées par d'autres donc irrécupérables), il ne m'en restait plus que 500 sur les 2 000 prises en novembre. J'ai essayé de réparer mon ordinateur avec les DVD que j'avais créés à son achat mais peine perdue. Je me suis ensuite acheté un nouvel ordinateur (ce que j'avais l'intention de faire de toute façon) et en cherchant sur Internet, j'ai trouvé un outil qui, gravé sur un CD vierge, m'a permis de faire une réparation complète du disque. J'ai pu alors enfin accéder à ce fameux répertoire récalcitrant et retrouver ainsi les 1 500 photos perdues. Ouf !
J'ai pas mal de choses à faire pour préparer la suite de mon voyage, je fais donc un break qui sera peut-être assez long.
A bientôt.