19 avril 2010, 13 heures 19 minutes et 43 secondes : et c'est parti !!!
Voiture prête, équipement chargé, quelques mails d'infos envoyés, derniers bisous effectués et me voilà en route pour le sud de la France, direction Orange.
Je ne vais pas tenir ici un blog de mon quotidien (je mes suis levé à..., j'ai fait ci..., j'ai fait ça...). Le côté narcissique, c'est pas trop mon truc.
Il est pourtant clair que cette expérience, c'est la mienne, et que tenir un site internet implique forcément que "je" donnerai "mon" avis sur les choses que "je" vis, que "je" parlerai de ce qui "m"'arrive et de ce que "je" vois.
Bref, de l'art et de la manière d'essayer de vous intéresser : voyager est le premier objectif de ce tour du monde, en parler simplement mais efficacement en sera le second.
1ère étape : l'Europe. J'avais initialement prévu de démarrer par l'Afrique du Sud en embarquant la voiture sur un bateau à Marseille. Mais je découvrais mon véhicule, son équipement et une nouvelle manière de vivre. Je me suis rapidement convaincu qu'un essai de fonctionnement était nécessaire dans des conditions simplifiées. Et commencer par un tour d'Europe avec ses très nombreux biens classés au patrimoine mondial de l'Unesco est alors paru évident.
Après avoir choisi de démarrer avec l'Espagne, pays où je ne suis jamais allé, j'ai décidé de cheminer lentement et de m'arrêter pour voir cinq biens français classés situés sur ma route.
J'arrive sur Orange vers 16h30 et localise assez rapidement le théâtre antique qui sera donc le premier bien classé que je verrai pendant ce voyage (mais j'en ai déjà visité d'autres en France et à l'étranger, par exemple le mont St-Michel et Venise).
Ayant stationné ma voiture sur un parking gratuit normalement interdit aux véhicules supérieurs à 2m20 de hauteur par une barrière mais qui était ouverte (sinon ma malle sur le toit n'aurait pas pu passer : 1er expérience de la hauteur de la voiture et des contraintes qui peuvent en découler), je me rends à pied jusqu'au théâtre.
Mon impression : une entrée un peu chère et un système de guide audiophone permettant certes une visite individalisée mais qui ne m'a pas convaincu. On est face à une machine (communication à sens unique : on a perdu les échanges possibles avec un guide humain) mais surtout l'oralité des explications impose un rythme de visite très lent par rapport à un document écrit : la lecture rapide n'est évidemment pas possible. Il ne reste alors que deux alternatives : soit vous écoutez des explications à un endroit donné pendant 5/10 minutes avant de vous déplacer de parfois seulement 5 mètres sur un nouveau point d'écoute, soit vous sautez complètement un passage alors que peut-être contenant des informations intéressantes. Et au total, tout écouter, ce que j'ai fait, prend presque une heure et demie, alors que le site, certes impressionnant, ne nécessite pas tout ce temps pour nous imprégner de son histoire, que je ne retiendrai pas tout et que après ma visite je n'aurai plus aucun support que j'aurai pu relire plus tard.
Bref, j'ai aimé le site et la formidable acoustique des lieux mais le système de visite a gâché un peu l'ensemble : espérons que ce modernisme disparaîtra assez vite.
Après ma visite, je déambule dans la ville à la recherche de l'Arc de triomphe également classé à l'Unesco : j'ai de la chance car sans plan, sans demander et sans suivre une foule de toute manière absente, je trouve assez vite son emplacement, légèrement en dehors de la ville. Le site est libre d'accès avec des explications sur des panneaux d'informations.
A proximité de l'Arc, je tombe sur un plan de la ville et mémorise un itinéraire pour finaliser ma visite d'Orange : je me rends ainsi dans un parc situé au dessus du théâtre antique ce qui me permet d'admirer une dernière fois le monument.
Un cimetière sur les hauteurs me permet de découvrir de manière aérienne la ville.
Ce que je retiendrai : Orange est une ville verte se caractérisant par un nombre impressionnant d'arbres de grande hauteur, certains plus hauts que les immeubles, et interpénétrant largement le bâti : une ville sans être une ville donc. Bref, j'ai beaucoup aimé.
De retour à la voiture, il me faut trouver maintenant un lieu pour passer la nuit : en prenant la direction d'Avignon, ville classée prévue pour le lendemain, je quitte finalement la nationale et m'aventure dans les vignes autour de Châteauneuf-du-Pape où je m'installe pour mon premier bivouac.
Mais je me rends compte que j'ai oublié de remplir mes deux jerricans d'eau avant de partir : il est un peu tard pour aller en chercher alors je m'en passerai.
Premier repas et première nuit : rien de particulier à dire, j'ai bien mangé et j'ai bien dormi donc tout va bien.
Le lendemain, petit déjeuner sans café ni thé puisque je n'ai pas d'eau et je reprends la route.
A Avignon, je ne trouve pas d'emplacemment pour me garer, juste un souterrain impossible à emprunter vu mon gabarit : je m'arrête finalement sur un parking normalement réservé aux bus. Pendant ma visite, depuis une hauteur de la ville, je vois un véhicule de la fourrière près de ma voiture et des agents de la police municipale tournent autour de cette dernière. Je m'attends donc au pire mais à mon retour elle sera toujours là et sans petit papier sur le pare-brise. Un conducteur de car qui était présent lors de l'évènement me fournira les détails sans que je lui demande : ils se sont intéressés à mon véhicule pendant un certain temps, ont regardé à l'intérieur à plusieurs reprises avant de quitter les lieux. Je remercierai mon témoin avant de partir.
La ville est classée pour son centre historique contenant le palais des Papes, des remparts, une cathédrale et le fameux pont.
Le palais et le pont se visitent avec des audiophones. Trop long pour le pont et insupportablement trop long pour le palais des Papes : pour une visite théorique d'une heure (selon une personne à la caisse), je mettrai en fait trois heures à écouter (mais j'avoue sans vraiment toujours entendre) les explications.
Il ne reste pas grand chose du pont et le palais des Papes est à mon goût un bâtiment trop austère : de très grandes pièces malheureusement vides pour la plupart sauf de touristes, tous immobiles avec l'oreille collée à leur audiophone. Mon impression aurait sûrement été meilleure si je n'avais pas été avide d'explications et si je n'étais resté qu'une seule heure comme annoncée. En plus j'ai fini très tard et n'ai mangé qu'à 14h30. Je persiste à penser qu'il faut vraiment qu'ils abandonnent ce système. Bref, assez déçu de ma journée.
L'après-midi, je traverse le Rhône pour monter à la tour Philippe le Bel puis pour visiter l'abbaye de Saint-André.
Il faut maintenant que je trouve de l'eau et je ne sais pas où chercher. Mais je me rappelle avoir vu un robinet dans le cimetière d'Orange. La solution me paraît alors évidente : dans presque tous les villages il y a des cimetières avec de l'eau pour permettre aux familles d'arroser les fleurs des tombes. Et les communes généralement vont au plus simple en se branchant directement sur le réseau d'eau potable. Je cherche donc un panneau "cimetière" et peux ainsi remplir assez rapidement mes jerricans. Un peu plus loin je rachète des boissons car la chaleur m'a vite fait consommer mes stocks.
Et me voilà paré pour mon second bivouac. Mais lorsque je m'installe, j'observe qu'il y a beaucoup d'eau à l'arrière du véhicule : j'éponge mais constate un peu plus tard que j'en ai à nouveau. Je contrôle mes deux jerricans et vois qu'un des robinets présente un défaut à sa jonction avec le récipient et un fin filet d'eau s'en échappe. Je vide rapidement le jerrican en question pour arrêter d'inonder la voiture : deux coussins sont bien trempés, une auréole sera visible quelques jours mais finira par s'estomper.
Le troisième jour, première utilisation de ma Kelly Kettle pour me faire du café bien chaud : impressionnant d'efficacité ! Voir l'article "Equipement" pour plus de détails.
J'enchaine ensuite avec le pont du Gard. J'y étais déjà allé adolescent mais n'en garde qu'un souvenir vague. Je ne serai pas déçu d'y être retourné. Ma redécouverte du site sera ponctuée par une longue marche sous un soleil de plomb le long de l'aqueduc à l'aval du pont.
Un seul regret : avoir garé ma voiture sur le parking du site alors qu'il est assez facile de trouver de la place gratuitement à proximité. Cette erreur me reviendra à 15 euros de frais de stationnement, cela fait chère la visite.
Je prends alors la direction d'Arles. En cours de route, je fais un détour par Tarascon pour voir la fameuse ville de Tartarin. Je le regrette car il n'y avait pas grand chose à voir mais beaucoup à sentir : une usine au sud très certainement de produits chimiques dégage une odeur insupportable qui vous accompagne partout.
Je repars et ai du mal à trouver un site pour dormir. Je suis en Camargue qui se caractérise soit par des propriétés privées soit par de grands terrains entourés de clôtures avec des panneaux "attention, taureaux". Je déniche finalement un chemin menant à diverses habitations mais laissant beaucoup de place pour camper. Voyant un homme dans son jardin je l'interroge : tout appartient à une société privée suisse mais le gardien ne vient pas souvent. En continuant jusqu'au bout, j'arrive à une ancienne carrière transformée en étang. Qui dit étang en Camargue, dit moustiques mais je prends le risque car je ne veux pas chercher un autre endroit et la saison est encore peu avancée. J'en verrai bien quelques uns pendant que je m'activerai autour de ma Kelly Kettle mais aucun ne m'embêtera.
Le lendemain avant de repartir j'appelle ma mère pour lui souhaiter un bon anniversaire .
Arles et ses nombreux sites classés à l'Unesco : je ne verrai pas tout, mais l'essentiel. Les arènes, le théâtre antique, l'église Saint-Trophime (de l'extérieur) et son beau portique, les termes de Constantin.
Les arènes sont bien conservées même si une partie était en cours de restauration, leur architecture me plaît. Le théâtre-antique n'a rien à voir avec celui d'Orange : là-bas on avait un théâtre, ici on a de l'antique ! L'église n'a pas été visitée, tout simplement parce que je n'avais pas vu que cela faisait partie du patrimoine classé. Idem pour les termes sauf qu'en plus, par quelques fenêtres, je m'étais laissé convaincre que la visite de l'intérieur ne valait pas forcément le coup.
Quant aux 4 autres lieux d'Arles classés au patrimoine mondial, je ne l'ai su que plusieurs jours plus tard en allant sur le site de l'Unesco : pour les prochaines visites, je regarderai les descriptifs avant pour savoir précisément les délimitations des biens classés.
La prochaine destination est Carcassonne et j'ai pas mal de route à faire. En chemin, suite aux conseils des parents qui m'avaient fourni l'adresse, je fais un arrêt à Narbonne pour y trouver un autre jerrican : la voiture est aménagée sur mesure, il me faut absolument trouver un jerrican identique à ceux que j'ai achetés si je veux pouvoir l'intégrer dans mon petit meuble. Hélas ils n'ont pas les 15 litres que j'utilise. Et pas d'autres magasins de l'enseigne sur ma route jusqu'à Barcelone. Je récupère un catalogue pour avoir l'adresse (heureusement car il s'avèrera que cela aurait été introuvable sans cela) et repars.
Sur Carcassonne, j'ai du mal à trouver un bivouac : la colline que j'avais aperçue au sud de la ville et qui de loin semblait convenir est en fait remplie de maisons isolées sans chemin conduisant à des sites neutres. Une seconde colline à proximité est un terrain militaire mais la troisième sera la bonne et j'y passerai une très bonne nuit. Mais avant cela, il me faut laver un de mes tiroirs à grandes eaux : j'avais mal rebouché le produit vaisselle et il a (un peu) coulé. Je fais de belles flaques de mousse à côté de la voiture qui auront heureusement complètement disparu le lendemain matin.
Je visite Carcassonne sous la pluie. L'expérience du parking au pont du Gard me conduit à chercher et trouver assez facilement une place gratuite en dehors du parking officiel.
La Cité avec ses doubles remparts est impressionnante. Sa construction est originale car la partie la plus ancienne se trouve dans la zone centrale des murs des remparts, le sommet et les fondations ayant été construits plus tard.
Je prends une visite guidée de l'ensemble de la Cité (château comtal, remparts, cathédrale Saint-Nazaire). Je le regrette un peu car le guide, très érudit, parle beaucoup de détails et peu de choses essentielles. Ce que j'ai le plus retenu sur les 2 heures 30 de la visite est ce que mon oreille indiscrète a saisi lorsque nous avons croisé d'autres guides ou ce que j'ai lu sur les panneaux d'informations des différentes salles traversées.
La visite se terminera par quelques chants russes, un groupe de chanteurs faisant une (très courte) représentation dans la cathédrale.
Je prends maintenant la direction plein sud vers l'Espagne via Font-Romeu sur des petites routes : l'avantage est qu'elles sont peu fréquentées, la nature proche et que mes 2 prochains bivouacs seront faciles à trouver.
En arrivant dans les gorges de la Pierre Lys, au sud de Quillan, un arrêt sur une aire de repos me montre qu'il y a pas mal de chemins de randonnées tout autour. Souhaitant me dégourdir un peu les jambes, je jette mon dévolu sur l'un d'entre eux, fais demi-tour et après avoir vérifié ma route auprès d'un villageois de Bévianes, lace mes chaussures de randonnées et pars jusqu'au belvédère du Diable. De là, je continuerai le chemin pour faire une boucle un peu plus longue : la suite n'est pas d'un très grand intérêt mais cela fait du bien de marcher. Vous pouvez retrouver l'itinéraire complet ici.
La fin du chemin est une ancienne voie de chemin de fer : il n'y a plus de rails mais les infrastructures existent toujours et je passe donc sur des remblais et petits ponts avant de rejoindre le village et ma voiture.
Depuis le belvédère j'ai pu voir que cette ligne de chemin de fer passait ensuite dans des tunnels en traversant les gorges de la Pierre Lys alors j'arrête ma voiture à leur sortie, escalade une grille pour entrer dans un tunnel non éclairé et faire une nouvelle randonnée sur un peu plus d'1 km dans le noir absolu, éclairé uniquement par les éclairs de l'effet anti yeux rouges du flash de mon appareil photo ! Quelques photos disponibles dans le diaporama relatif aux randonnées.
A mon retour il est déjà tard et la recherche d'un nouveau point de chute pour la nuit démarre. Après m'être installé, je me rends compte que ma polaire a un petit souci : le cordon qui permet de la resserrer en bas, qui était déjà très lâche, s'est accroché à je ne sais quoi et une des extrémités est complètement sortie et pendouille. Après quelques brèves minutes de réflexion, l'inspecteur gadget arrive : je monte chercher dans ma malle mon fil de fer, y accroche l'extrémité libre du cordon en tordant un des bouts, glisse l'ensemble dans l'ouverture du bas de ma polaire et après quelques poussées, l'ensemble ressort de l'autre côté. Je décroche le fil de fer et fais quelques points de couture pour empêcher le cordon de sortir à nouveau. Je teste, tout marche à nouveau alors je remets le fil de fer dans ma malle.
Le lendemain, je m'arrête un peu plus loin au bord de la route sous un panneau annonçant une grotte à visiter : hélas, cela ne se fait que sur réservation (véritable exploration spéléologique d'une durée de 7 heures !) et en cette période de l'année, c'est fermé. Mais vus les lieux assez à l'abandon, je ne suis pas sûr que la grotte soit toujours accessible.
Après avoir mangé mon dernier repas français dans un restaurant à Formiguères, je fais une pause sur un parking à un col (sans nom) pour un premier essai de mon poste de travail et une première tentative d'utilisation de mon ordinateur portable. La sonnerie de mon convertisseur 12V/220V (indiquant que la batterie du panneau solaire est arrivée à des niveaux un peu faibles) m'arrêtera au bout de quelques heures, l'absence de soleil de ces 2 derniers jours devant en être la cause.
Je reprends alors la route jusqu'à la frontière espagnole que je traverse sans encombre entre Bourg-Madame et Puigcerdà le 25/04/2010 à 18h56 : me voici donc en Espagne pour un grand tour de la péninsule. Vue l'heure, ma priorité est évidemment de trouver un coin pour bivouaquer ce qui sera assez facile du fait des nombreux alpages environnants.