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Avant de quitter les États-Unis, je refais comme d'habitude un ultime petit tour dans un supermarché histoire d'acheter de la nourriture et de me débarrasser ainsi de mes derniers billets et pièces en dollars. J'en profite pour regarder s'ils ont des jerricans, c'est le cas mais beaucoup trop gros. Mon GPS me signale un magasin d'équipements automobiles un peu plus loin, je m'y arrête et y trouve le modèle idéal de 5 gallons que je remplis immédiatement à une station service. J'arrive à la frontière et comme à l'accoutumé il n'y a pas de contrôle de sortie. Je me gare et demande à une femme qui ne parle pas anglais mais m'emmène au poste de douane mexicain où un des douaniers m'indique le chemin à suivre pour atteindre le poste de contrôle américain. Il y a un monde fou qui fait la queue, deux files de plus de 200 mètres chacune, des mexicains souhaitant entrer chez l'oncle Sam. Mais il y a de la place de chaque côté alors je double tout le monde sur le côté droit jusqu'à un portique métallique servant à contrôler ceux voulant entrer au Mexique, un cul de sac car il y a un tourniquet. Mais il y a un petit portail qu'on m'ouvre gentiment et qui me permet de traverser les 2 files puis de continuer ma progression par l'autre côté. J'arrive finalement à une grille à gros barreaux où un douanier américain me laisse passer après quelques explications. A l'intérieur, il y a un guichet sans aucune queue. Je réexplique mon cas, j'ai de la chance car je suis au bon endroit : elle prend mon passeport pour récupérer mon visa prouvant que j'ai bien quitté le pays puis je refais le chemin en sens inverse. A la douane mexicaine je suis le seul à vouloir entrer dans ce pays : contraste saisissant. Un douanier mexicain me pose quelques questions, je remplis un formulaire puis après quelques minutes d'absence il revient avec un papier : je dois payer l'équivalent de 20 euros pour obtenir un visa valable 6 mois. Il m'indique une banque, j'entre donc au Mexique, fais 300 ou 400 mètres dans ce pays jusqu'à l'établissement où il y a un distributeur et je récupère mes premiers pesos. Je retourne à la douane mais dois repartir tout de suite : le visa ne se paie pas ici mais directement à la banque, je n'avais pas bien compris. Je fais la queue, il y a un peu de monde alors je patiente jusqu'à ce qu'un guichet se libère. Mais ils ne veulent pas que j'utilise ma carte de crédit alors je retourne au distributeur car en fait je n'avais pas pris grand chose la première fois. Lorsque je reviens, la file des mexicains me laisse passer et on me donne une feuille en double exemplaire. Le douanier en gardera un puis me rendra mon passeport mais sans y mettre de tampon. Je fais le geste correspondant avec un air interrogateur, il reprend mon passeport pour le tamponner enfin. De retour à la voiture, je me présente à une zone de contrôle du véhicule en fournissant mon passeport et le papier prouvant que j'ai bien payé le visa. La fouille est expéditive, à peine quelques secondes le temps d'ouvrir une portière, le hayon et de jeter un œil à l'intérieur. J'entre alors au Mexique une heure exactement après mon arrivée. Je suis toujours dans le même fuseau horaire (9 heures de décalage avec la France). Comme pour le Canada et les États-Unis, les carrefours sont avec des stops où tout le monde s'arrête et où on repart dans l'ordre d'arrivée. Sauf qu'ici il faut faire très attention car la signalisation est parfois manquante, il n'y a pas toujours de panneau sur sa voie et il faut penser à regarder de l'autre côté du carrefour pour voir s'il y en a un pour ceux arrivant dans l'autre sens valable aussi pour soi. Dans tous les cas il vaut mieux s'arrêter même si on a la priorité. Les Mexicains sont d'ailleurs très prudents et ils roulent très lentement en ville, heureusement car parfois j'ai subi quelques klaxons, m'étant arrêté et redémarré à un stop alors que l'autre voie était prioritaire et donc ayant coupé involontairement la route à quelqu'un. Il m'est arrivé aussi de prendre un sens interdit car je suivais les indications de mon GPS et il n'y avait aucun panneau : là c'est facile à repérer mais il faut penser à regarder avant de s'engager, si tout le monde est garé dans le même sens, c'est un sens unique. Les deux fois où j'ai fait l'erreur, je m'en suis rendu compte tout de suite car des mexicains qui arrivaient dernière moi ou par le côté se sont mis à klaxonner pour me prévenir. Je n'ai pas terminé avec les douanes car j'ai besoin d'une autorisation d'importation temporaire de ma voiture. On m'avait dit que je pouvais faire les formalités à La Paz, une grosse ville située au sud de la Basse Californie à plus de 1 000 km de la frontière mais à la douane on m'a indiqué un autre bureau d'importation à une dizaine de kilomètres à un autre passage de frontière alors je m'y rends tout de suite. Je rate un embranchement qui semble aller vers les États-Unis : je le vois trop tard car je suis sur la file de droite alors que celle de gauche est pleine de monde, des mexicains qui veulent quitter le pays avec leur véhicule, et je ne vois le carrefour que lorsque j'atteins la fin de la file. Je fais demi-tour un peu plus loin, bizarrement il n'y a personne dans l'autre sens. Je demande mon chemin à un policier : le centre est en fait juste là, la route d'accès est vide car séparée de celle servant à atteindre la frontière. Au bout il y a plusieurs bâtiments, chacun avec plus d'une porte mais très peu d'indications et je ne sais pas où aller. J'arrête ma voiture, entre au hasard pour demander et ai encore de la chance car c'est précisément le bon endroit. Après quelques explications, je fournis les papiers de ma voiture, ils ne comprennent rien à ma carte grise alors ils en font une copie et mettent du feutre à chaque fois que je leur réponds où se trouve mon nom, le numéro d'immatriculation et la date de première immatriculation. Je dois payer l'équivalent de 55 euros pour les formalités ainsi qu'un dépôt de garantie de presque 300 euros qui me sera remboursé à ma sortie du territoire. Un peu plus d'une demie heure plus tard je me retrouve finalement à coller un bel autocollant à l'intérieur de mon pare-brise signalant que je suis en règle pour 6 mois. Les villes que je traverse ont la particularité d'avoir un nombre impressionnant de casses de voiture et je me dis que ce sont sûrement des voitures américaines qui sont venues finir leur vie ici. D'ailleurs je n'en trouverai quasiment plus dès que je me serai éloigné de la frontière. Mais l'inverse semble malheureusement vrai aussi : aux États-Unis il y avait beaucoup de fruits, légumes et viandes venant du Mexique, tous de très bonne qualité et je m'étais attendu à avoir la même chose de ce côté. Mais ce n'est pas le cas, à croire que les américains récupèrent le meilleur et qu'il ne reste plus que des aliments médiocres pour les mexicains dont le seul point positif est le prix (oranges sans jus ou très dures à 30 centimes d'euro le kilo, viande très nerveuse entre 5 et 8 euros). Le long de la route il y a beaucoup de tombes, parfois une simple croix mais aussi avec pierres, fleurs ou statuettes. Il y a d'ailleurs de nombreux panneaux pour tenter d'améliorer la sécurité routière (si je bois, je ne conduis pas. Respectez les distances évite les accidents. Attachez vos ceintures, écrit en toute lettre mais aussi sous forme d'un dessin d'un individu attaché entouré d'un rond rouge, ce qui est une erreur puisque cela signifie le contraire, ce sont des panneaux d'interdiction) ou les mauvaises habitudes (ne jetez pas vos ordures : et c'est vrai qu'il y en a partout, le Mexique est une vraie décharge). Je ne vois par contre aucun panneau pour tenter d'enrayer un comportement très dangereux : quand un véhicule roule un peu lentement, il met son clignotant vers la gauche pour vous dire que vous pouvez le doubler, ce qui se confond évidemment avec le fait qu'il va tourner. Heureusement que j'avais remarqué cela et que je faisais attention car plus tard en voulant justement tourner à gauche dans une ligne droite qui suivait plusieurs virages, un mexicain m'a doublé au mauvais endroit, trompé par mon clignotant. Je passe régulièrement des contrôles routiers militaires ou agricoles, parfois très rapides (un simple geste de la main pour me dire que je peux continuer) parfois un peu plus long (je dois descendre de voiture, ouvrir mes tiroirs et répondre à quelques questions, typiquement d'où je viens et où je vais). Quelquefois il y a sur place des panneaux en anglais nous demandant d'être prudent et de bien surveiller les militaires pour qu'ils ne nous volent rien ! Le grand désert d'Altar est constitué de deux zones très distinctes : à l'ouest un ensemble de dunes très impressionnantes (plus de 200 mètres de haut pour certaines) et à l'est d'anciens volcans avec beaucoup de cratères et de coulées de lave. Le désert est cependant très grand et je ne sais pas s'il est possible de le visiter, le site internet de l'Unesco ne donnant aucune indication à ce propos. Je longe la partie des dunes côté nord mais elles sont très loin, il y a plein de panneaux indiquant que je suis dans la réserve de biodiversité mais interdisant d'y pénétrer, il y a d'ailleurs une clôture barbelée à quelques mètres de chaque côté de la route alors je me dis que je suis peut-être venu pour rien.
Le second jour j'aperçois mon premier coyote qui traverse juste devant moi d'un pas trottinant et j'arrive à le prendre en photo. Plus loin, c'est un bip bip qui passe devant moi : de son vrai nom grand géocoucou (ou roadrunner en anglais), il est beaucoup plus petit que dans le dessin animé (moins grand qu'un coyote), vit dans les broussailles et court effectivement très vite. J'en verrai régulièrement mais à chaque fois ils disparaissent rapidement avant que je puisse les prendre en photo sauf une fois mais j'en parlerai dans la prochaine nouvelle. La veille peu après avoir traversé la frontière j'ai mangé dans un restaurant mexicain du poulet, il y avait beaucoup de monde donc je pensais que l'endroit était sain mais j'ai attrapé une petite tourista qui m'enverra trois fois de suite dans les broussailles avant que tout redevienne normal. La troisième fois je tombe sur une grande aigrette blanche, très étonnant d'en voir une en plein désert alors qu'il n'y avait pas un point d'eau aux alentours. J'atteins une ville au nord-est du désert, j'hésite à faire demi-tour en me disant que si tout le périmètre est fermé et qu'on n'a pas le droit d'y entrer cela ne valait pas le coup de venir. Mais je prends finalement la direction du sud qui devrait longer la zone volcanique en espérant que j'en verrai un peu plus. Bien m'en a pris car finalement, près de 215 km après mon entrée dans la réserve de biosphère j'arrive à une route d'accès avec un centre d'accueil des visiteurs. C'est payant mais pas cher (moins d'un euro), ils nous fournissent un guide et une carte pour un circuit dans la zone volcanique avec plusieurs cratères à voir. Je vois que plus au sud il y a un autre accès pour atteindre des dunes, me voilà donc rassuré de ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien.
Le parc ferme normalement à 17 heures mais il y a un gardien et on peut sortir jusqu'à 19 heures : j'arrive à 19 h 05 mais tout va bien, le gardien est encore là, il me tend le papier rempli à mon arrivée que je dois compléter avec mon heure de sortie puis il va m'ouvrir la barrière. Je dors juste à côté dans une carrière de sable encore en activité (j'avais cru le contraire le soir en m'installant), un camion et une pelle me réveilleront le lendemain matin mais ils ne me voient pas car je suis dans un renfoncement. Quand je passe, le camion est parti sûrement pour livrer sa cargaison mais la pelle est là et son chauffeur me fait un gentil salut de la main.
Après cela je poursuis la route jusqu'à la mer de Cortez car j'espère pouvoir retourner vers l'ouest en longeant le sud du désert, mon GPS m'indiquant une toute petite route. Je m'arrête à un poste de police municipale, un des rares policiers parlant anglais me dit que la route est goudronnée et en très bon état alors je n'hésiterai plus. Mais en attendant il faut que je fasse réparer la voiture, j'ai un bruit métallique à l'arrière. Après contrôle j'ai l'impression que c'est un tambour de frein qui bouge et claque. Je trouve un centre automobile (où je peux enfin changer mon extincteur, celui que j'avais n'ayant plus de pression et n'en ayant pas trouvé aux États-Unis), il y a un garagiste juste à côté. Ils démontent les deux tambours arrières, mettent un peu de graisse, resserrent le tout, je teste à la main, cela ne bouge plus, fais un petit tour et reviens satisfait, je n'ai plus de bruit. Je veux payer mais le patron, avec qui j'ai beaucoup discuté de ma voiture et de mon voyage, m'offre la main d'œuvre pour me soutenir dans mon périple, sympa ! Je repars mais j'ai à peine fait 200 mètres que le bruit réapparaît : je contrôle les tambours, ils sont toujours bien en place donc ce n'était pas le véritable problème. Je retourne au garage, le patron est parti mais sa femme est là. Un employé fait un tour avec moi, entend le bruit, on retourne au garage mais impossible de voir d'où cela vient. Je me souviens alors du problème que j'avais eu en Roumanie, passe ma main dans un faible espace et en ramène un morceau de silent-bloc, il a éclaté sous les secousses d'un des mes amortisseurs arrières sur la route des cratères. Malheureusement le garage n'en a pas et ils n'ont aucune idée d'un endroit où je peux en trouver. Mais j'avais gardé un ancien amortisseur quand il avait fallu que j'en change, je vérifie : dessus il y a deux silent-blocs. J'en récupère un et le donne à l'employé qui le monte avec difficulté vue la mauvaise conception de la voiture. Cette fois-ci je demande à payer mais la patronne refuse aussi alors je laisse un bon pourboire à l'employé. Je veux rester quelques jours pour mettre un peu à jour mon site mais je ne trouve qu'un endroit avec internet et la connexion est très mauvaise, je passe mon temps à attendre (et à râler). Le dimanche je décide d'aller jusqu'au port. Sur la route, il y a parfois de grandes tâches de couleurs, je vois quelques personnes avec un dossard et quand j'arrive il y a un monde fou et une sono très forte. Je me gare sans difficulté et arrive sur une grand place où hélas tout le monde s'en va, il n'est que 10 heures mais c'est déjà fini : un groupe sur une estrade chante encore une ou deux chansons, les participants à une course à pied s'en vont, ils sont recouverts de couleurs, cela devait être sympa mais j'ai raté l'essentiel.
En fait je suis à la limite d'un bien de l'Unesco, plusieurs îles et des aires protégées du pourtour du golfe de Californie classées pour sa flore et sa faune exceptionnelles (oiseaux, poissons, mammifères marins et cétacés notamment), les pélicans en étant un exemple des plus visibles. Ceux-ci évidemment ne se limitent pas à se déplacer ou se poser uniquement sur les zones classées et j'en verrai beaucoup d'autres sur des plages, près de ports, voire même sur des bateaux de pêcheurs à attendre des restes de poissons en compagnie des habituelles mouettes. Le lendemain alors que je travaillais dans ma voiture, un magnifique écureuil terrestre à queue ronde vient grignoter des graines juste à côté. Avant de repartir je fais un tour jusqu'à une pointe de terre, sans grand intérêt hormis le nombre impressionnant de grands hôtels et de belles maisons plus ou moins abandonnés. Sur la route je vois mon premier serpent, un noir d'un peu plus d'un mètre. Je stoppe la voiture mais il a disparu dans une zone de constructions en ne laissant que ses ondulations dans le sable. Un peu plus loin je peux voir quelques pluviers, ces oiseaux que j'avais découverts dans l'est du Canada.
La plage est très belle hormis que j'y découvre plusieurs dauphins échoués, des carcasses d'oiseaux et de poissons et une multitude de déchets plastiques. Le lendemain matin les pélicans sont toujours là au bord de l'eau, ils se sont éloignés de la rive car c'est marée basse et la plage très grande maintenant est encore plus magnifique ainsi.
Je suis resté 10 jours dans le même coin à mettre à jour mon site en allant dans un cyber café payant mais pas cher : le patron, que je reste une heure ou une demie journée, me demandait toujours la même chose en souriant, 20 pesos (un peu plus d'un euro). Je suis allé plusieurs fois dans des toilettes publics où j'ai pu constater que les mexicains, au lieu de jeter le papier toilette dans les WC, le mettait dans des poubelles souvent sans couvercle ce qui n'est pas très esthétique, entre autres. Pendant cette période j'ai aussi commencé à prendre l'habitude d'acheter l'eau de mes jerricans : il n'y a pas de parcs ou d'aires d'autoroute avec de l'eau potable comme aux États-Unis et au Canada mais par contre dans presque tous les villages on trouve des boutiques de vendeurs d'eau, de l'eau impeccable filtrée et traitée qui me reviendra de 6 à 13 pesos (0,35 à 0,75 euro) les 15 litres selon les endroits. Je commence ensuite une longue descente vers le sud de la Basse Californie. Mais je m'arrête assez vite car il fait très chaud (plus de 35°C), je patiente donc près d'un petit étang, décidé à ne rouler que le matin très tôt.
Je m'arrête là pour cette nouvelle mais je vous fais tout de suite la suite car c'est près, en fait la nouvelle était tellement longue que j'ai décidé de la couper en deux. La zone Pacifique des États-Unis - par monTdM le 30/05/2015 Ouest du Canada - par monTdM le 02/04/2015
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