x images tirées au sort parmi n photos du site. Série actualisée à chaque changement de page ou toutes les 5 minutes. Vous pouvez cliquez sur une image pour l'agrandir et voir une description.
Fort de mon expérience datant déjà de 1995, où j'avais traversé en Suzuki Samouraï une partie de l'Afrique centrale et de l'ouest (Centrafrique, Cameroun, Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Mali, Sénégal, Mauritanie), c'est à Noël 2008 que je me suis décidé d'accomplir cette promesse que je m'étais faîtes alors : faire un tour du monde !
Après réflexion, je décidais de le réaliser également en 4x4, avec pour thême principal la visite du plus grand nombre possible de biens classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, et mon insertion, si possible, dans des groupes de "touristes" français venus faire du trekking dans les pays que je traverserai.
Ce site a pour but de garder une trace de ce voyage, mais surtout de maintenir un lien avec ma famille et mes amis.
Et avec vous peut-être : vous êtes en tout cas le bienvenu !
J'étais là !
NB : suite à l'annonce du 12/12/2014 de Google, ce dernier a finalement supprimé le 13/01/2017 le plugin Google Earth permettant un affichage en 3D. Cette fonctionnalité a donc été supprimée de mon site. NB2 : Pour "compenser" cette disparition, j'ai rajouté le 04/06/2017 les altitudes des tracés. Déplacez votre souris le long des altitudes pour suivre sur la carte le trajet effectué (et zoomez sur la carte pour un maximum d'effets) !
Pour plus de détails sur l'utilisation de la carte et des altitudes voir la FAQ.
Le bien classé de San Agustín renferme plusieurs sites éparpillés autour des villes de San Agustín et d'Isnos : c'est le plus grand ensemble de tombes et de sculptures d'Amérique du Sud. Elles furent construites entre le Ier et le VIIIème siècle mais les recherches des archéologues semblent indiquer qu'une seule civilisation était installée là pendant plus de 2000 ans (d'environ 1000 ans avant notre ère jusqu'au XIVème siècle). Elle est connue sous le terme de civilisation de San Agustín mais ce nom vient de l'appellation de la région donnée par les espagnols à leur arrivée au XVIème siècle, le nom originel de ce peuple n'est pas connu. Les statues sont particulièrement nombreuses, variées, parfois très grandes. Certaines tiennent entre les mains des objets (coquillage, bâton, outil...), des animaux (poisson, serpent, singe) ou des enfants dans des positions semblant indiquer soit qu'ils les mangent soit qu'ils les extirpent d'eux comme pour une naissance. Les tombes contenaient divers objets en poterie comme des urnes, vases, bols, assiettes, aiguilles, sifflets ou ocarina mais aussi des bijoux en corne ou en or, par exemple des colliers, des bracelets ou des perles.
Je commence par le parc archéologique de San Agustín qui contient le bosquet des statues regroupant des statues de tombes pillées ou détruites, plusieurs zones de tombes appelées Mesita, une fontaine et une colline regroupant tombes et statues. On y trouve également un très intéressant musée.
Près d'Isnos la colline des idoles et celle des pierres sont des concentrations assez grandes de tombes et statues.
Outre ces trois sites principaux, il existe de nombreux petits emplacements dispersés tout autour contenant quelques statues et/ou tombes. J'ai parfois eu du mal à en trouver certains pas toujours très bien indiqués mais les colombiens m'ont souvent aidé (4x4 qui m'ouvre la route et s'arrête à l'entrée d'un sentier conduisant à un site, jeune en VTT me conduisant jusqu'à un autre).
Un des sites secondaires les plus remarquables est sans conteste El Purutal regroupant deux tombes avec des statues ayant conservé des peintures. Je repartirai comblé par mes deux jours et demi de visites.
Après avoir arpenté la ville de Pitalito pour trouver de l'huile pour une vidange (que je ferai plus tard), je descends jusqu'à Mocoa, ville qui illustrera l'actualité internationale quelques mois plus tard du fait d'une coulée de boue dans un de ses quartiers qui y fera plus de 200 morts. Je cherche un endroit avec Internet mais sans succès, le seul restaurant qui semblerait en avoir est fermé et sur la place principale le réseau théorique ne fonctionne pas. Je décide de poursuivre jusqu'à Villagarzón. Je souhaite maintenant partir vers l'ouest mais dans une station service où je demande mon chemin on me dit que la route que je souhaitais prendre est beaucoup plus au nord et que je dois retourner sur Mocoa : décidément il faut vraiment que je trouve une autre carte pour mon GPS.
À Mocoa je quitte la route goudronnée pour prendre une longue piste à travers les montagnes jusqu'à Pasto. Toutes les zones montagneuses que j'ai traversées jusqu'à maintenant étaient assez urbanisées avec beaucoup de villages ou de maisons isolées : je suis étonné qu'ici ce ne soit pas le cas, il n'y a personne sur une très longue distance. L'itinéraire est cependant très fréquenté notamment par des taxis, minibus et camions qui roulent souvent plus vite que moi, je les laisse passer dès que je peux voire je m'arrête régulièrement quand quelqu'un arrive en face car la piste est devenue assez étroite et il n'est pas toujours facile de se croiser dans les nombreux virages.
Le temps est médiocre avec de la pluie et du brouillard ce qui n'est pas terrible pour voir les paysages. Il y a beaucoup de traversées à gué et de cascades bien chargées en eau. Après un col à presque 2800 mètres, je redescends dans une vallée urbanisée. Je veux refaire le plein de diesel mais bizarrement les stations sont toutes fermées. J'ai encore de quoi tenir et j'ai de toute façon mes jerricans en réserve alors je poursuis et passe deux cols successifs à plus de 3200 mètres avant ma descente finale sur Pasto.
Là cela se complique : les stations services sont ici aussi bizarrement toutes fermées. Je comprendrai un peu plus tard : le gouvernement a décidé d'augmenter les tarifs des péages très nombreux en Colombie (très peu chers pour les voitures et motos mais assez coûteux pour les camions). Les camionneurs ont décidé de faire grève ce qui bloque l'approvisionnement en carburant du pays. À Pasto quelques stations sont ouvertes mais elles sont soit réservées aux services d'urgence (pompiers, ambulances, police, militaires) soit aux services de premières nécessités (produits frais) soit aux transports en commun (mais pas les taxis ce qui entraînera quelques manifestations de leur part). Pour le commun des mortels, presque 500 000 personnes à Pasto, il n'y a... qu'une seule station ouverte ! J'ai prévu de rester plusieurs jours pour profiter de la validité de mon visa et travailler sur mon site donc je n'ai pas un besoin urgent. Mais mon voyant étant allumé, je fais une tentative pour remplir mon réservoir. Il y a en fait deux queues à la station, une réservée aux motos (une centaine de mètres) et une autre pour les autres véhicules. Après avoir attendu quelques temps et constaté que cela n'avançait pas j'abandonne : je me rendrai compte plus tard avec l'aide de google earth que la file faisait un peu plus de 1,2 km de long !
Je m'installe dans une impasse pour bivouaquer en espérant ne pas devoir en bouger mais au matin du troisième jour la police arrive et me demande de partir. Le second bivouac sera le bon, j'y resterai un peu plus de 15 jours sans déplacer la voiture ou presque mais je changerai pour les 2 dernières nuits car devenu trop bruyant. Je ne sais pas précisément quand la grève s'est terminée, je sais que le gouvernement a ouvert des négociations ce qui a débloqué l'approvisionnement donc je n'ai pas eu de problèmes pour quitter Pasto. Mais un mois plus tard j'ai pu voir aux journaux télévisés que les négociations étaient toujours en cours (avec des opérations escargots sur certains axes pour les soutenir).
Pendant cette période je trouve enfin un site Internet où il est possible d'avoir des cartes à jour pour mon GPS : j'y récupère immédiatement le sud de la Colombie et l'Équateur. J'avance bien sur mon site avec la publication d'une nouvelle. Je veux m'acheter des chaussettes mais impossible d'avoir une taille au dessus de 42 : un vendeur me dit que c'est normal, je lui dis gentiment que les colombiens sont 'petits' ce qui le fait rire. Je trouve un garagiste pour me changer un silent-bloc d'un amortisseur arrière, réparation devenue habituelle.
Je fais un dernier tour de la ville pour prendre quelques photos. Mais je n'ai pas de chance, beaucoup d'églises sont fermées alors j'y retournerai le lendemain car j'en avais vu quelques unes superbes et il faut que je les immortalise avec mon appareil. Puis le dernier jour un homme s'approche de mon lieu de bivouac, c'est un gros agriculteur des environs descendu en ville pour faire une livraison. Il a travaillé quelques temps aux États-Unis, il parle un anglais parfait. Nous échangeons quelques paroles puis il m'offre un gros sac de mandarines qui s'avéreront excellentes. Je reprends alors la route, direction l'Équateur.
Il me reste encore du temps sur mon visa mais je vais démarrer un bien transfrontalier classé à l'Unesco : Qhapaq Ñan, réseau de routes andin, nom officiel pas très clair (car en langue quechua) pour parler d'un chemin très connu, le chemin de l'Inca (camino del Inca). Ces routes construites du temps des Incas relient le sud de la Colombie (Pasto) à l'Argentine (au sud de l'Aconcagua) selon deux itinéraires principaux, l'un dans la cordillère des Andes l'autre le long de la côte, et des itinéraires secondaires, principalement des barres est-ouest reliant à intervalles réguliers ces deux grands axes. Tout le long on trouve des sites archéologiques tels que des cités (la plus connue étant certainement le Machu Picchu), des forts de défense, des bâtisses servant d'auberges, de points de contrôle, de lieux de stockage de marchandises, d'abris contre le vent ou le soleil ou encore de simples tas de pierres (cairns) servant à marquer les trajectoires. Ces routes traversent des montagnes à plus de 4500 mètres, des forêts tropicales et des déserts. L'ensemble faisait plus de 30 000 km mais beaucoup de sections sont aujourd'hui détruites (la Panaméricaine passe par exemple dessus à certains endroits) ou en très mauvais état (éboulements, végétation) les rendant impraticables.
L'Unesco a classé en 2014 un très grand nombre de témoignages de ce réseau et, étant un amoureux de la montagne et de la randonnée en général, je souhaite essayer de les faire tous. Sur leur site Internet on trouve un excellent document de plus de 2 700 pages décrivant les sections classées : un référencement historique, les caractéristiques physiques, des schémas, des photos, des cartes très variées avec des coordonnées géographiques. Il y a parfois des extras, des choses remarquables non liées à la culture Inca mais très proches d'une section et qui méritent l'attention : des peintures ou gravures rupestres ou encore des fêtes dans des villages reflets d'une culture originale.
Au fur et à mesure de mon avancement, je crée sur google earth des points correspondant soit à un site archéologique soit au début et à la fin d'un itinéraire. Puis je tente de relier ces points, parfois avec l'aide de quelques points intermédiaires, en m'appuyant sur les images satellites et les cartes disponibles. Enfin je crée d'autres itinéraires, routiers cette fois-ci, pour savoir quelles routes je dois emprunter pour pouvoir atteindre en voiture toutes ces randonnées. Je transforme tout cela du format google earth à un format compréhensible par mon GPS et importe les fichiers correspondant dans ce dernier. Il m'est alors très facile de suivre, d'abord en voiture puis à pied tous les trajets pas toujours très visibles sur le terrain. Cette méthode ne marche pas à tous les coups : certains itinéraires du chemin de l'Inca ne sont tracés sur aucune carte publique (on ne les trouve que dans le document de l'Unesco) et les images satellites sont fréquemment avec une définition insuffisante pour pourvoir voir précisément le chemin. J'essaie donc d'avoir sur google earth au moins les grandes lignes puis je tente de m'adapter sur place. Mais les images satellites sont aussi parfois mal positionnées de plusieurs mètres et selon la configuration des lieux (falaises, ravin) cela peut être très préjudiciable.
La Colombie regroupe 9 sections. L'une d'elle passe à proximité d'un village où une fête annuelle à lieu fin juin, raison pour laquelle je quitte Pasto un peu plus tôt que prévu. Quatre itinéraires (1, 2, 3 et 9) sont très courts (moins de 200 mètres) et un autre (4) est un peu plus long mais ne présente pas vraiment d'intérêt (rues au milieu d'un village). Tout cela explique pourquoi je n'ai pas mis les itinéraires correspondants dans la liste des randonnées disponibles sur la page d'accueil. Selon les pays, la numérotation va globalement du nord vers le sud ou inversement. Pour la Colombie elle va à contre sens donc je démarre par le trajet n°9, premier que je trouve sur ma route en direction de l'Équateur. Cette section s'avère peu intéressante car ressemblant plus à une piste classique qu'à un chemin Inca. J'y vois cependant plusieurs colibris.
Je m'installe ensuite pour la nuit juste à côté d'une extrémité de l'itinéraire 8. Mais la police arrive une ou deux heures plus tard en me signalant que l'endroit est dangereux. Ils m'escortent jusqu'au village voisin et je dors finalement garé devant le commissariat local. Le lendemain, ne pouvant décemment pas retourner à l'endroit où j'avais voulu dormir, je décide de faire l'itinéraire 8 dans l'autre sens mais je ne suis pas sûr de la route à suivre pour atteindre en voiture l'autre extrémité. Il me semble cependant qu'elle est légèrement plus éloignée que le début de l'itinéraire 7 alors je décide de commencer par celui-là. Au début du sentier je trouve un panneau d'informations avec une carte du tracé et des explications sur les caractéristiques du chemin : parfait pour commencer d'autant que je n'en verrai pratiquement plus aucun par la suite.
Cet itinéraire 7 est très sympa, en grande partie à flanc de montagne le long d'une gorge (canyon des rivières Bobo puis Guaitara) pratiquement à altitude constante ce qui s'avère idéal pour une première randonnée. Malheureusement les caractéristiques Inca sont très peu visibles. J'y croise énormément d'orioles. Je n'étais pas encore tout à fait au point sur ma méthodologie expliquée précédemment alors à un embranchement je me trompe de chemin et arrive un peu trop bas face à un pont traversant une des rivières. Mais je retrouve assez vite le bon tracé.
L'itinéraire 8 est beaucoup plus raide (presque 600 mètres de dénivelé), les paysages sont assez différents du précédent avec beaucoup d'eucalyptus qui dégagent une bonne odeur. Sur la fin de ma randonnée mon appareil photo commence à donner des signes de fatigue : lorsque je zoome, les lentilles bougent toutes seules à grande vitesse, les photos sont floues et je n'arrive pratiquement plus à prendre qu'en grand angle. Il va falloir que je fasse avec jusqu'en Équateur.
Je me dirige maintenant vers la section 6 mais m'arrête en cours de route à Funes où va se dérouler les festivités de saint Pierre de Funes. Elles se caractérisent entre autres par un groupe de danseurs de culture andines, les Mojigangas, des hommes déguisés en homme ou en femme (deux origines possibles : un moyen trouvé par les indigènes pour contrer les Espagnols un peu pris de boissons qui tentaient d'agresser des femmes. Ou des hommes excités par la fête qui continuaient à danser entre eux quand les femmes s'arrêtaient pour se reposer). Lorsque j'arrive une procession est en cours alors qu'avec les informations indiquées dans le document de l'Unesco je pensais que cela allait se dérouler le lendemain : mais on me rassure, les festivités durent plusieurs jours.
Je passe la nuit dans une rue du village puis retourne devant l'église qui déborde de monde sur la place. Je patiente à l'extérieur, finalement les fidèles sortent, la procession de la veille se reforme mais avec en plus le groupe de danseurs habillés de vêtements originaux et de masques. Ils font tous un tour du village puis vont jusqu'à un terrain municipal où une estrade a été montée et de nombreux marchands ambulants proposent soit de la nourriture soit des biens festifs ou quotidiens (type vêtements).
Le groupe de danseurs commencent une représentation. J'arrive à prendre des photos mais l'appareil ne s'améliore évidemment pas et j'en supprime tout de suite un grand nombre. Je filme également avec ma caméra mais après une pause, lorsque je rouvre le clapet pour voir ce que je filme, l'écran reste mystérieusement noir. La caméra filme mais je ne sais pas du tout quoi, elle est totalement inutilisable, décidément c'est la série.
Je mange sur place (brochettes de poulet) puis pars pour la section 6 qui démarre d'une crête, descend sur un plateau cultivé et s'arrête en arrivant près des gorges de la rivière Guaitara (le chemin ensuite est en mauvais état, recouvert de végétation, et il n'a donc pas été classé). Dans le document de l'Unesco il y a une incohérence : selon les cartes mises à disposition, la section 6 diffère légèrement, elle est plus longue sur les cartes générales (2,5 km) que sur les cartes montrant le détail (2 km) et le descriptif ne permet pas de savoir quelle est la vraie section classée. Point intéressant, la section contient deux branches du chemin de l'Inca, au milieu se trouve une intersection provenant de l'itinéraire 9/8/7 (mais qui n'a pas été classée car elle se termine rapidement dans un ravin). Depuis ce carrefour, un côté de la section 6 se poursuit vers les sections 5 puis 2 tandis que l'autre côté se poursuit vers les sections 3 puis 4. Ces 2 variantes se rassemblent plus loin avant d'atteindre la section 1.
De retour à la voiture, je poursuis la piste pour faire le lendemain la section 5 qui descend dans un vallon et s'arrête à un torrent impétueux, le pont originel ayant disparu. Bien que la section 2 soit dans la continuité de cette branche, je n'ai trouvé aucune route pour l'atteindre directement depuis l'endroit où je suis donc je reviens sur mes pas sur une longue distance. Mais bien plus tard je me rendrai compte que la route marquée en cul-de-sac sur les cartes consultées se poursuivait et aurait été parfaite.
Après avoir rejoint la Panaméricaine bien en amont de la vallée, j'emprunte une petite route pour monter sur la crête de l'autre côté des gorges jusqu'aux sections 3 puis 4. Les deux randonnées correspondantes s'avéreront sans grand intérêt, la n°3 étant très courte et très boueuse et la partie 4 étant à plus de 80% en ville.
La section 2 est également assez courte mais après un passage très dégradé le chemin est plutôt intéressant. À cette section est associé un extra, des peintures rupestres avec des représentations de singes. À part le nom je n'ai aucune autre information. Quand je demande tout le monde m'envoie sur le site du sanctuaire de Las Lajas alors je vais voir. Ce sanctuaire a été construit du début du XXème siècle à la place d'une ancienne église pour faire face à l'afflux des pèlerins. En effet à cet endroit serait apparue au XVIIIème siècle la vierge Marie rendant la parole à une enfant sourde-muette. Le sanctuaire est assez imposant et toujours très fréquenté.
Je trouverai des peintures de singes dans le lit de la rivière : aucun intérêt car elles ne sont pratiquement plus visibles (l'eau passant sur les rochers les ayant rapidement effacées) et de toute façon j'apprends que ce ne sont pas les peintures originales mais une reproduction récente pour les touristes.
Après une recherche sur Internet, je ne trouve aucune information sur la localisation des peintures originales. Heureusement des gens ont posté des photos sur google earth mais pas toutes positionnées exactement au même endroit, il faudra donc improviser. Je me construis l'itinéraire pour mon GPS pour me rapprocher le plus possible en voiture. Ma méthode n'est cependant pas parfaite car je n'ai pas regardé le profil du tracé et donc n'ai pas vu que la piste est en fait très pentue sur la fin. Je m'y engage de nuit, en plus de la pente elle est très étroite et donc impossible de reculer ou de faire demi-tour. Je m'arrête comme je peux dans une épingle à cheveux pour passer la nuit là. Pas de chance, il se met à pleuvoir pendant la nuit. Au petit matin j'arrive à rebrousser chemin dans le virage mais au bout de quelques mètres la voiture patine et coince. Je me mets en travers de la piste mais arrive à la redresser. Je refais des tentatives mais je dérape à chaque fois, je n'arrive pas à prendre assez d'élan. Je descends de la voiture et commence à démonter mes plaques spéciales pour sortir de la boue. Enfin une seule car un boulon est complètement rouillé et je n'arrive pas à enlever l'autre. Un paysan qui m'avait regardé faire mes tentatives puis était reparti revient avec 2 autres personnes, sûrement ses fils. Ils commencent à gratter les talus avec des outils pour mettre de la terre sèche dans les zones boueuses, sympa ! Je mets ma plaque devant une roue arrière, pousse l'accélérateur et miracle la voiture passe enfin. Je continue tant qu'il y a de la pente puis m'arrête pour aller rechercher ma plaque et remercier la famille colombienne. Mais ils me montrent une autre pente un peu plus loin, ils ont raison je devrais continuer tant qu'ils sont là au cas où. La voiture monte cependant sans problème, j'avais pas mal d'élan. Après la piste est plate un long moment puis se remet à descendre donc je peux rester là surtout que c'est assez large. Je nettoie un minimum la plaque mais m'arrête vite car cela colle, il faut que j'attende que cela sèche, je la remettrai en place plus tard.
Le paysan m'a demandé pourquoi j'étais venu me fourrer dans ce bourbier (au sens propre), je lui ai parlé des peintures et il m'a confirmé qu'elles étaient bien là sans donner de détails. Je retourne à pied à l'endroit où j'avais passé la nuit, poursuis le chemin et arrive à un embranchement. Je prends à gauche au feeling, arrive dans un champs bordé d'un vague sentier qui me conduit à d'autres champs : je ne sais pas si ce sont les chemins utilisés par les agriculteurs pour accéder à leurs parcelles ou si c'est le sentier officiel pour les peintures mais je continue car maintenant cela descend assez fortement et j'arrive au fond des gorges avec des falaises sur ma gauche. En longeant, je les aperçois enfin, le peu d'informations que j'avais s'est finalement révélé suffisant même si j'ai parfois hésité. Vous avez sur la page d'accueil l'itinéraire et la position exacte de ces peintures.
Je poursuis un peu le long de la rivière mais je suis vite bloqué. Je remonte et surprise le terrain boueux de tout à l'heure est maintenant complètement sec : il y avait des épisodes de pluie à mon réveil, tout indiquait que cela risquait d'empirer, difficile de prévoir que cela allait s'arranger tout seul.
Pendant tout ce parcourt à proximité des 8 dernières sections du chemin de l'Inca j'ai pu voir certains aspects de la vie des colombiens, des paysages, des fleurs et quelques oiseaux que j'ai regroupés.
Il me reste à faire la section 1 (un pont naturel au dessus de la même rivière que celle du sanctuaire et des peintures) mais elle se trouve à cheval sur la frontière Colombie/Équateur au sein même de la zone douanière donc je la ferai un peu plus tard. Je termine mon visa colombien en préparant la suite et en suivant la progression de la France dans la coupe d'Europe de football. Je règle le problème de la seconde plaque spéciale contre la boue en sciant le boulon rouillé avec ma scie à métaux puis remets tout en place.
Je dormais dans une rue un peu bruyante alors je tente une nuit à l'extérieur de la ville. Au matin, des militaires faisant une patrouille à pied m'abordent, fouillent la voiture, ils n'ont pas l'air très content que je sois là. Ils repartent mais pendant que je finis de me préparer je vois clairement qu'ils se planquent dans des buissons un peu plus loin ! Je comprendrai pourquoi plus tard : la piste que j'ai empruntée se poursuit jusqu'à la frontière et permet de sortir de la Colombie et d'entrer en Équateur illégalement, en tout cas sur les images satellites je ne vois rien pour faire obstacle. Ayant eu du mal à trouver ce bivouac en dehors de la ville, je décide de ne pas en chercher un autre et de rester dormir là où j'avais passé ma première nuit, l'avantage étant que je n'ai pas besoin de bouger la voiture.
Il y a beaucoup de graffitis magnifiques dans les rues alors je fais un tour et en profite pour voir une belle église.
J'ai terminé la Colombie et ai vu 6 des 8 biens classés : comme indiqué dans la nouvelle sur le nord du pays je n'ai pas visité un parc national car réservé aux scientifiques. L'autre bien évité est une île avec la mer environnante au large de la côte colombienne, il serait possible de s'y rendre mais uniquement dans le cadre d'une croisière pour y faire de la plongée ce qui n'est pas dans mes compétences ni mes tarifs (autour de 6 000 euros !)
La suite sera consacrée à la visite de l'Équateur qui a subit 3 mois plus tôt un terrible tremblement de terre de 7.8 sur l'échelle de Richter (plus de 600 morts). La secousse a été ressentie jusqu'en Colombie mais étant au nord du pays quand elle est survenue ce n'est pas mon cas. La zone dévastée est très loin des endroits que je souhaite visiter donc je peux poursuivre mon voyage qui vous sera relaté dans une prochaine nouvelle.
Depuis mon précédent bivouac proche de Bogota, je pars maintenant plein ouest en direction de Manizales afin de commencer un circuit au cœur des caféiers (voir nouvelle précédente). La route continue son yo-yo, c'est même de pire en pire : parti de 2600 mètres, je descends à 700, remonte à 1800, redescends dans une vallée à moins de 250 mètres pour remonter cette fois-ci à un col à plus de 3700 avant d'arriver à ma destination finale à un peu plus de 2000 mètres (voir l'itinéraire du 16 mai).
Une grande partie de l'itinéraire est sur une crête dominant de part et d'autre des vallées assez encaissées. Je passe hélas le col sous la pluie et traverse quelques nappes de brouillard.
Sur le site de l'Unesco on trouve une carte des zones classées de caféiers. Je ne vais pas toutes les faire, j'ai juste prévu un circuit descendant vers le sud qui en traversera plusieurs. Avant d'atteindre Manizales, je peux déjà voir quelque champs dans des secteurs non classés : le café étant une des principales production de la Colombie (20% de son agriculture, 3ème exportateur mondial) on en trouve en effet à beaucoup d'endroits.
Je reste quelques jours à Manizales pour travailler sur mon site puis vais voir sa cathédrale Notre-Dame-du-Rosaire assez intéressante avant de monter dormir à l'entrée du parc national Los Nevados. Ce dernier contient le volcan Nevado del Ruiz (un peu plus de 5300 m) en activité : d'ailleurs les 22 et 23 mai, jours où je serai juste à côté, il est particulièrement actif (émissions de cendres qui ont conduit notamment à la fermeture de l'aéroport, voir par exemple ce site).
Les autorités surveillent de près ce volcan qui laissa une trace dans l'Histoire : le 13 novembre 1985, après deux mois d'éruptions, l'intensité redouble, la neige et la glace qui le recouvrent fondent et se transforment en coulées de boue et de cendres qui dévalent plusieurs vallées du volcan. Au bout de l'une d'elles se situe la ville d'Armero qui se retrouve dévastée en pleine nuit, près de 25 000 personnes y trouveront la mort. Le pays a été fortement critiqué pour n'avoir pas anticipé cette catastrophe. Depuis cet événement il a mis en place un système de surveillance et d'alerte de ses volcans qui conduit régulièrement à des évacuations de la population. L'activité de ces derniers jours n'est pour l'instant pas très importante : lorsque j'arrive à l'entrée du parc je croise des gardes qui ne me disent rien sur celle-ci.
Le sommet est dans les nuages alors je décide de patienter jusqu'au lendemain à l'extérieur (l'entrée étant payante). A cette occasion je bats mon précédent record d'altitude pour mes bivouacs avec une nuit passée à 4052 mètres. A mon réveil le ciel est bien dégagé mais pas totalement sur le volcan. Je prends une piste qui longe la parc national avant de vouloir y entrer. Mais je me retrouve dans le brouillard alors je décide de redescendre. Au cours du trajet je croise une belette et un motmot.
Je tente un second accès plus au sud, très isolé et très difficile à trouver, je demande plusieurs fois mon chemin. J'arrive finalement de nuit. Pas de chance, au matin le temps est toujours le même, je ne vois pratiquement rien à cause des nuages. Je patiente un peu en observant plusieurs oiseaux mais cela ne s'améliore pas. De plus, outre que cet accès est lui aussi payant, le garde m'indique qu'on ne peut pas y pénétrer seul et que je suis obligé de prendre un guide dans mon véhicule pour circuler dans le parc. Je décide donc de faire demi-tour, décidément les parcs de Colombie ne sont pas faciles à voir.
Après être repassé sur Manizales, je commence mon périple au sein des caféiers.
Deux choses m'étonnent : les terrains sont parfois particulièrement escarpés. Et les caféiers ne sont pas toujours faciles à voir car très fréquemment mélangés à des bananiers, l'explication étant qu'à l'origine c'était des arbustes de sous-bois et que selon les types de terrain et l'exposition au soleil cet ombrage reste nécessaire.
Au milieu des zones de cultures on trouve aussi régulièrement des bambous qui sont utilisés dans la construction (pour des maisons ou des clôtures par exemple).
J'ai de la chance, je tombe sur des fruits de caféiers à différentes étapes de maturité, très jeune (vert), un peu plus mature (jaune) ou proche du ramassage (marron ou rouge selon le type robusta ou arabica). Vous trouverez des informations très intéressantes concernant le café sur ce site. Pendant mon parcours je croise de nombreuses fleurs (mais hélas pas de fleurs de caféiers), quelques papillons mais aussi beaucoup d'oiseaux.
Après avoir quitté la dernière zone de caféiers classée à l'Unesco, je poursuis vers le sud jusqu'à proximité de Cali. Ma prochaine destination est le parc archéologique de Tierradentro situé dans un coin assez isolé : comme je l'ai déjà signalé, ma carte GPS est assez mauvaise, je n'ai que les grands axes et je ne sais comment y aller. J'ai donc prévu de m'arrêter pour chercher mon chemin sur Internet. Mais avant d'avoir complètement terminé, un énorme orage éclate sur le centre commercial où je m'étais installé et cela coupe les connexions Internet. J'ai quand même vu que plusieurs itinéraires étaient possibles dont un traversant une zone de montagne, le parc national Nevado del Huila, sûrement le plus long mais probablement le plus intéressant.
Après une nuit dans la vallée, je suis réveillé au matin par des bruits sur ma voiture. Des oiseaux profitent de la rosée accumulée, un s'est d'ailleurs posé sur mon essuie-glace pour se désaltérer mais il s'envole quand j'écarte les rideaux avant je puisse prendre une photo. Je poursuis encore un peu ma route dans la vallée jusqu'à un village repéré comme l'embranchement pour atteindre le parc national. J'y demande mon chemin plusieurs fois ce qui déclenche de grande discussion que je ne comprends pas. Finalement je trouve la bonne route, une piste en fait, et commence mon ascension. En traversant un petit village des gens me font des signes, je les salue moi-aussi. Un peu plus tard, une moto me dépasse et se met en travers de ma route. Ils descendent, s'approchent et me disent que je ne peux pas continuer. Ils m'obligent à faire demi-tour jusqu'au village où j'avais vu les gens me faire des signes, ce n'était apparemment pas de simples salutations, et ils me disent de m'arrêter là. Il y a 5 ou 6 personnes, certaines commencent à fouiller la voiture, d'autres me posent des questions mais ne parlent qu'espagnol. Je leur fais comprendre que je ne fais que du tourisme, que je vais à Tierradentro via le parc national. L'un d'eux prend mon appareil photo pour voir les photos que j'ai prise puis un dernier passe un appel téléphonique qui dure assez longtemps tandis que tous les autres arrêtent leur activité respective. Une fois la conversation téléphonique terminée ils me disent que c'est bon, je peux continuer. Après réflexion je me dis que je dois être dans une région contrôlée par des révolutionnaires, qu'après avoir vu que je n'étais qu'un touriste français j'étais sans danger pour eux et ils m'ont donc laissé passer. Je pense aussi que tous les gens que j'ai croisé auparavant à qui j'avais demandé mon chemin essayaient de me faire comprendre que la route était interdite aux étrangers mais je n'ai pas compris et j'ai pu passer. A aucun moment je ne me suis senti en danger, tous ceux que j'ai vu ont toujours été très souriants et cordiaux, au pire j'aurai fait demi-tour pour prendre un autre accès s'ils m'avaient interdit le passage.
Un peu plus tard je croise une belle mygale qui traverse la route. Au village suivant il y a un monde fou, c'est jour de marché. J'avance lentement puis reprends une vitesse plus normale. J'arrive à un autre village et m'arrête pour manger et demander mon chemin car je suis étonné de ne pas être encore dans le parc national. Je comprends alors que je me suis trompé de piste, la route tournait vers l'est au milieu du marché et j'ai poursuivi vers le sud sur une route secondaire. Les gens me font comprendre que si je continue j'arriverai aussi par là à Tierradentro, la piste que je viens de faire était longue, je n'ai pas trop envie de rebrousser chemin d'autant que le temps est médiocre, les sommets du parc national que je crois voir au loin sont dans les nuages. Je décide donc de poursuivre.
Après un col à plus de 3000 mètres je passe devant une fabrique de briques, le four est allumé, je m'arrête et les propriétaires me font de grands sourires et acceptent que je fasse des photos. J'arrive finalement dans la vallée d'accès au parc archéologique et cela roule enfin car j'ai retouvé du goudron. La route que j'ai suivie était longue, lente et peu intéressante, c'était clairement le plus mauvais itinéraire sur les 3 possibles et je suis assez déçu de m'être trompé et d'avoir dû négocier mon passage pour pas grand chose.
La bonne route ne dure cependant pas longtemps, des travaux sont en cours pour l'élargir mais avec les pluies les talus ont du mal à tenir et je passe en croisant les doigts car il y a eu des éboulements. Je bivouaque sur une surlargeur à un endroit sans risque. Le lendemain, pendant que je petit-déjeune, j'entends du bruit dans les feuillages et un chien sort près de ma voiture. En me voyant il prend peur et retourne dans les herbes. Je m'approche et me demande comment il a fait pour arriver là car il y a une pente impressionnante à l'endroit où il est sorti et retourné.
Je reprends la route qui devient vite catastrophique, les petits éboulements du début sont à certains endroits d'énormes glissements de terrain, il y a parfois plus de 10 cm de boue, cela va coûter cher en réparation.
Le site archéologique Tierradentro se caractérise par plusieurs zones de tombes décorées de gravures et/ou peintures de formes géométriques ou anthropomorphiques. Les tombes, datées du VIème au IXème siècle, sont creusées dans le sol, des roches volcaniques assez tendres mais qui ont dû nécessiter un gros travail pour être réalisées. Un escalier rudimentaire, parfois en ligne droite parfois en spirale ou en zigzag avec souvent de hautes et étroites marches permet d'atteindre leur entrée. On ne peut pas accéder à l'intérieur même, l'entrée étant fermée d'un garde-corps. Les tombes sont de forme plus ou moins circulaires avec souvent des piliers et des niches murales ou dans le sol. Les gravures se retrouvent plutôt sur les colonnes, les peintures sur les murs, plafonds, colonnes voire sur les gravures. Les plafonds sont souvent très difficiles à voir depuis l'entrée. Quelques tombes sont éclairées via un minuteur pour les protéger mais la plupart n'ont aucun éclairage et je tente de voir les décorations avec ma lampe frontale ce qui n'est pas toujours évident. Certaines tombes contenaient des urnes parfois décorées contenant pour certaines des ossements. Beaucoup de tombes sont fermées officiellement pour des raisons de préservation mais lorsqu'elles ont été découvertes elles étaient en mauvais état, souvent remplies d'eau et de boue, endommagées par des tremblements de terre fréquents dans la région et/ou ayant été pillées.
La première zone regroupe un peu plus de 60 tombes dont 25 accessibles (en fait fermées par une porte mais un garde est là pour les ouvrir), la seconde également avec un garde contient 5 tombes toutes ouvertes au public, la troisième 23 dont 6 accessibles.
Une 4ème zone se trouve sur la crête d'une montagne, les tombes y sont nombreuses (je ne sais pas le nombre), d'accès libre mais elles sont globalement en très mauvais état malgré les toitures installées pour en protéger certaines de la pluie.
Des statues anthropomorphiques furent également découvertes, exceptionnellement à l'intérieur d'une tombe mais la plupart à l'air libre en un lieu où elles sont toujours exposées. Il y a aussi deux musées, l'un archéologique l'autre contenant des reconstitutions des coutumes locales. Je visite l'ensemble sur 2 jours, le billet d'entrée étant valable pour cette durée. Je repartirai assez impressionné par la quantité et la qualité de certaines décorations.
Pendant cette période, j'observe encore des fleurs variées et de nombreux oiseaux mais aussi beaucoup d'insectes notamment installés dans les tombes de la quatrième zone. J'arrive enfin à prendre en photo un papillon aux ailes bleues métalliques, depuis le Mexique j'en ai vus beaucoup mais qui ne se posaient jamais ce qui ne fut pas le cas de celui vu ici.
Je repars plus au sud pour rejoindre un autre parc archéologique, celui de San Agustín. Deux longues pauses sur le trajet me permettent de voir encore des choses intéressantes.
La fin de la Colombie, partie sud, fera l'objet d'une autre nouvelle : elle est presque terminée, j'ai coupé en deux celle que je faisais à cause de sa longueur.
Mon premier lieu de bivouac en Amérique du Sud, à Carthagène, n'est pas terrible : même si je ne suis qu'à une centaine de mètres d'un poste de police donc idéal au niveau sécurité, ce n'est pas très propre et surtout des riverains viennent discuter juste à côté jusqu'à assez tard le soir. Mon second bivouac crée des histoires : ayant voulu m'installer dans une rue en cul-de-sac proche d'un monastère, le policier mis en vigile pour ce bâtiment historique s'approche de la voiture, me demande mes papiers puis me fait entrer dans la cour de l'édifice avec la voiture mais en me signalant que je ne peux dormir là. Après une longue discussion à coup de dictionnaire français-espagnol, il me rend finalement mes documents (à un moment donné il voulait que je lui donne un contrôle technique colombien de la voiture que je n'avais pas mais finalement il ne m'en a plus parlé). Mais il ne veut pas me rouvrir la grille, il est en fait super sympa, il a appelé par radio d'autres policiers pour que ceux-ci me conduisent à un lieu tranquille où je pourrai passer la nuit sans risque. L'attente est longue et on finit par plaisanter, toujours à l'aide du dictionnaire. Finalement le délai s'éternisant il me laisse partir mais dans la descente (le monastère étant sur un point haut de la ville) je croise deux motos de policiers. Après un échange assez court, une se met devant moi pour me montrer le chemin. A un carrefour elle s'arrête, le policier me donne des explications à l'aide du plan de mon GPS car apparemment il ne veut pas aller jusque là puis il fait demi-tour. Plus tard je m'arrête sur une plage proche de l'endroit désigné par le policier mais des vigiles viennent et me demandent d'aller un peu plus loin. Je tombe finalement sur le lieu sécuritaire, il est occupé par deux camping-cars. Le terrain est sale, plein de mauvaises herbes, cela ne me plaît pas du tout alors j'irai finalement passer la nuit dans un quartier complètement différent. Mais je n'ai pas vu que je me suis garé juste à côté d'un immeuble en construction, les ouvriers commenceront tôt le matin avec des camions roulant en marche arrière utilisant leur avertisseur de recul. Le soir je change donc encore d'endroit, une rue en cul-de-sac mais je n'ai pas pu me mettre au bout par manque de place et il y a de nombreux passages de voitures. Pire, vers minuit, des riverains commencent à chanter accompagnés d'une guitare, fenêtres grandes ouvertes alors je déciderai de changer encore d'endroit après ma visite du centre historique.
Une caractéristique de Carthagène : ses klaxons. La ville est très touristique, il y a énormément de bus, taxis-voitures et taxis-motos qui circulent et qui ont la mauvaise habitude de klaxonner dès qu'ils voient un "client" marcher sur le trottoir. C'est la seule ville de Colombie où ils font cela (pour ce que j'ai pu voir), ailleurs ils circulent comme dans toutes les villes du monde attendant que quelqu'un leur fasse signe. Mais ici, non, ils cherchent de manière sonore à tel point que parfois on croise 2 ou 3 motos et un taxi qui klaxonnent en même temps !
La ville de Carthagène est classée à l'Unesco pour son port, ses forteresses et un ensemble historique à l'intérieur de remparts. Le port fut un lieu important sur la route des Indes, il était une des destinations privilégiées pour l'exploration du Nouveau Monde puis pour le commerce avec l'Amérique du Sud. De ce fait, pour le protéger des pirates et des nations concurrentes (principalement anglais et français), les espagnols construisirent un système de fortifications parmi les plus importants du continent dès le XVIème siècle et le renforcèrent régulièrement jusqu'au XVIIIème.
Certaines forteresses d'origine n'existent plus, d'autres sont difficilement accessibles car situées sur des îles mais je verrai l'essentiel.
Je retiendrai en particulier le château San Felipe de Barrajas, un fort imposant avec de nombreux passages souterrains. Autour du centre-ville, les très longs remparts et les bastions qui les renforcent à intervalles réguliers sont également remarquables.
Le centre historique regroupe plusieurs bâtiments mais je suis assez déçu par ceux-ci, peut-être parce que presque toutes les églises (cathédrale comprise) sont fermées. La seule que je peux visiter est celle dédiée à saint Pierre Claver (un jésuite espagnol du XVIème siècle devenu prêtre à Carthagène) mais l'intérieur s'avère peu intéressant.
Finalement je retiendrai surtout les maisons privées, globalement très belles avec de nombreuses couleurs et surtout énormément de balcons. J'ai aussi retrouvé comme au Mexique plusieurs peintures murales et plus original des statues métalliques représentant des scènes de la rue. N'oublions pas enfin les nombreux oiseaux venant parfois se poser sur les remparts.
Après ma visite, je cherche un quatrième lieu de bivouac, une autre rue en cul-de-sac très tranquille. Je crois avoir enfin trouvé le bon endroit mais au matin du second jour une femme s'approche, une bourgeoise vu l'énorme 4x4 que je verrai plus tard, elle me dit que je ne peux rester là. Avant que je finisse mon petit-déjeuner, je la vois téléphoner sans m'inquiéter mais en fait elle a appelé la police. Un policier arrive, me demande de partir et fait ensuite mine de contacter la fourrière alors qu'il n'y a aucun panneau d'interdiction de stationner ni indiquant une propriété privée et que d'autres voitures sont garées juste à côté de moi. Je pars avant d'avoir fini mon repas puis vais passer ma journée dans un fast-food. Le soir je me dis que je vais quand même tenter l'endroit désigné par le policier à moto. Il n'y a plus personne mais il vient d'y avoir un orage impressionnant, il y a eu des inondations dans le quartier (des rues avec 10 à 15 cm d'eau), cela a fait sauter l'électricité et le terrain se situe derrière un gros hôtel qui a mis en marche un énorme générateur excessivement bruyant. Je m'installe quand même le long de la grille entourant l'hôtel, seule zone à peu près plate, mais un vigile arrive et me demande de me déplacer ce qui reviendrait à me rapprocher du gros générateur. C'est la goutte qui fait déborder le vase, je décide de quitter Carthagène et je m'installerai finalement en un lieu parfait situé à une vingtaine de kilomètres. J'y verrai au matin une ortalide.
Je poursuis vers le nord et arrive finalement à Barranquilla dont le seul intérêt est un fast-food avec du Wifi assez rapide. Je dors sur un site proche mais plutôt tranquille (il y a juste des ouvriers qui passent en camion car ils sont en train de construire une ligne à haute tension). Je peux y voir plusieurs oiseaux ainsi qu'un renard (traversant de nuit la route devant moi sans que je puisse le prendre en photo) et de très gros crapauds.
Malheureusement c'est la fin avril ce qui signifie le début de la saison des pluies en Colombie et la zone se transforme le sixième jour en gros bourbier. Je m'installe un peu plus loin, la piste de terre près de laquelle je dormais devenant un chemin gravillonné presque sec. Mais tôt le matin des camions passeront car c'est la route d'accès à une carrière. Le soir je fais donc le contraire et m'arrête plus tôt à un endroit peu boueux. Mais je suis proche de fermes et quelqu'un appelle la police. Après m'avoir contrôlé, ils resteront longtemps près de moi sans rien faire, je me demande ce qu'ils attendent, en fait ils veulent que je parte. J'essaie de trouver un endroit de l'autre côté de la ville mais de nuit rien de ce que je vois ne me convient alors finalement après une grosse boucle je retourne près de mon premier bivouac où je dormirai encore quelques jours.
Les jours pluvieux se poursuivent, il y a parfois des orages impressionnants, même la route gravillonnée commence à être dans un état déplorable. Je cherche une laverie mais apparemment il n'y a que des pressings. Finalement je crois en trouver une dans une ville plus au nord alors je décide de partir. Je dors dans un coin isolé mais des policiers arrivent à 2 heures du matin pour me contrôler, dur, dur. Le lendemain je donne mon linge (prix au poids et c'est assez cher) et vais patienter dans un centre commercial où je trouve du gaz pour mon réchaud, j'ai bien fait de venir là (je n'en avais pas trouvé à Barranquilla). Mais ici le Wifi est très mauvais alors je repars rapidement pour ma destination suivante, le parc national de la Sierra Nevada de Santa Marta.
Ce parc contient le plus haut sommet de Colombie, le pic Christophe Colon, presque 5800 mètres d'altitude. Je n'ai pas l'intention de le gravir et pour cause, l'accès est contrôlé par des indiens (montagne sacrée) qui empêchent toute tentative. Si je viens là c'est que j'espère juste trouver un endroit avec une vue dégagée sur les sommets.
Je rejoins donc le village de Palmor d'où part une piste qui pourrait convenir. Mais il y a un énorme orage pendant que je monte et à la sortie du village je dois m'arrêter car il y a eu un éboulement, un 4x4 a essayé de passer malgré une couche de 30 à 40 cm de terre glaise et s'est mis en travers à quelques centimètres du vide. Plusieurs personnes avec des pelles sont là pour l'aider ainsi qu'un autre 4x4 qui va essayer de le tracter. Cela marchera mais de justesse, la sangle cassant juste après avoir sortie du bourbier le véhicule. Je décide de ne pas tenter le diable, fais demi-tour et me gare un peu avant sur une large plate-forme. Je traverserai à pied la zone de boue (mettant chaussures et pantalon dans un sale état) et poursuis sur la piste.
Je peux voir quelques oiseaux mais aucun sommet, je suis beaucoup trop bas. Je referai un tour le lendemain matin pour essayer de voir d'autres oiseaux (le temps est médiocre, la luminosité faible et il est difficile de prendre de bonnes photos) puis redescendrai rapidement dans la vallée car un autre gros orage démarre. J'ai de la chance, dans une zone un éboulement vient d'avoir lieu mais la route n'est obstruée que sur la moitié. Pendant que je regarde pour vérifier si cela va effectivement passer, des pierres se mettent à tomber, l'éboulement est toujours actif. Je n'hésite plus et avance, c'est étroit mais je peux continuer.
Je me dirige maintenant vers Mompox, une ville classée pour son centre historique. Elle est située en bordure de la Magdalena, le plus long fleuve de Colombie (un peu plus de 1500 km). J'ai déjà croisé celui-ci à Barranquilla (embouchure) et le verrai à nouveau plus tard (je ne serai pas loin de sa source).
En attendant j'ai du mal à trouver une route pour atteindre la ville, il n'y a que des pistes traversant de grandes zones vides habitées uniquement par d'énormes haciendas. Ici aussi il a plu abondamment à certains endroits : après des champs secs très jaunes, je passe près de terrains inondés et une piste avec de grandes flaques ou assez glissante. Je croise de nombreux hérons, ibis et colins.
Je bivouaque dans ce no man's land en me disant que je vais être tranquille. Au matin j'entends quand même un véhicule passer près de moi et quelques dizaines de minutes plus tard des policiers arrivent : décidément, depuis que je suis dans ce pays c'est la série. Ils me demandent où sont les autres car on leur a signalé qu'il y avait trois personnes : non, désolé. Après un rapide contrôle, l'ambiance est au beau fixe. Je termine mon petit déjeuner, fais ma vaisselle et me lave les dents sous leurs yeux car ils ne repartent pas. C'était aussi le jour prévu pour me couper les cheveux mais j'attendrai. Il me reste à prendre des photos de mon bivouac et comme ils sont juste à côté de la voiture ils y passent, avec leur bénédiction : l'un d'eux me prendra également en photo au milieu des autres !
Finalement je leur demande où je peux faire des courses et ils m'accompagnent jusqu'à un carrefour en m'expliquant les deux solutions possibles : je décide de revenir sur la route principale (celle reliant le nord-est du pays à Bogota) car en reculant un peu je roule sur des routes revêtues et avance plus vite que sur les pistes. Mais j'en retrouverai une pour la dernière partie de l'itinéraire, assez longue et peu habitée : je n'ai presque plus de carburant, mes jerricans sont vides car j'ai oublié de les remplir après ma traversée Panama-Colombie, je me dis que je n'arriverai pas jusqu'au bout alors je fais demi-tour. Dans le dernier village ils n'ont plus de diesel, le précédent si mais ils ne prennent pas les cartes de crédits : heureusement j'avais fais le plein d'argent liquide et je peux repartir dans le bon sens. Tout à coup j'entends des croassements, je m'arrête, regarde tout autour et repère au sommet d'un grand arbre un magnifique ara bleu, mon premier.
J'arrive finalement à l'extrémité de la piste, bloqué par le fleuve : un bac (un peu plus de 2 €) permet de traverser pour Mompox situé sur l'autre rive. Quand j'y arrive, je me fais aborder par un jeune français, étonné de voir ma plaque d'immatriculation. On discutera longtemps, passant le reste de l'après-midi ensemble. Après s'être quitté, je m'éloigne de la ville pour dormir dans un coin tranquille mais deux policiers viennent (encore) me contrôler. Ce sera très rapide cette fois, après m'avoir fait descendre de la voiture et ouvert le hayon arrière ils repartent immédiatement.
Mompox est classée en tant que ville coloniale espagnole : fondée au XVIème siècle elle se développa du fait de la présence du fleuve, lieu d'échange important entre la côte des Caraïbes au nord et les territoires intérieurs plus au sud. La particularité de son urbanisme est une construction toute en longueur sur une seule des rives du fleuve avec des places en bordure de celui-ci donc n'ayant du bâti que sur trois côtés.
La ville est très belle, elle a su conserver des édifices magnifiques datant de la période coloniale. Les bords du fleuve attirent de nombreux oiseaux en particulier des conures (un très grand groupe se posera sur les arbres autour de mon bivouac) mais aussi des iguanes magnifiques aux couleurs assez variées.
De Mompox j'avais prévu de descendre vers le sud-ouest pour rejoindre le parc national de Los Katíos, classé à l'Unesco, en fait le parfait prolongement du parc du Darien au Panama. Mes recherches m'ont montré que le parc était un peu plus facile d'accès que celui panaméen, il y a une ville pas trop loin accessible par une piste et de là on peut prendre un bateau qui en moins de 2 heures arriverait à l'entrée du parc. Mais le site Internet du parc national indique que celui-ci est fermé au public, sa richesse exceptionnelle en faune et flore comprenant plusieurs espèces menacées nécessite une protection accrue et seuls les scientifiques et chercheurs ont le droit d'y aller.
A la place je prends donc la direction opposée et me dirige vers le parc national naturel El Cocuy, non classé mais contenant plusieurs sommets dépassant les 5000 mètres dont le plus haut est accessible (je verrai sur place si je le tente) et des glaciers et tout cela me tente.
La route qui descend vers le sud-est longe la Magdalena avant de franchir le fleuve via un haut pont. Après une courte distance sur de l'enrobé, je retrouve une piste en pas très bon état. Les environs sont bordés de très nombreux marécages (voir l'itinéraire du 3 mai) mais de la route je n'en vois pas beaucoup. Quelques buffles profitent de l'un d'entre eux, des oiseaux également. Plus loin cela devient plus sec et sur une courte distance je tombe sur de nombreuses et parfois très grandes termitières, cela me surprend.
Je rejoins la route descendant sur Bogota mais prends la direction opposée pour rejoindre le parc. Il y a pas mal de camions. Je passe devant plusieurs stations services mais étonnamment aucune n'accepte les cartes de crédit. Lorsque j'en trouve enfin une pour refaire le plein (et remplir mes jerricans), je suis dans une assez grande ville. Dans un hôtel avec du Wifi je vérifie mon chemin car mon GPS n'indique pas le parc ni les routes pour y accéder, je n'ai que les grands axes. Je me rends compte alors que je me suis trompé de direction, je suis beaucoup trop au nord et je dois faire demi-tour.
Le lendemain j'arrive à Bucaramanga, grosse ville où je reste plusieurs jours. Le premier bivouac ne va pas du tout, je suis contrôlé le soir par la police, ils me laissent dormir là mais finalement viendront me réveiller vers 5h30 en me demandant de partir. Je m'installerai pour les nuits suivantes dans une zone de grands immeubles proche de l'endroit où je passe mes journée sur Internet. Après avoir mis en ligne une nouvelle, je reprends la direction du parc national naturel El Cocuy. Une caractéristique du réseau routier colombien est l'absence, en dehors des grands axes, de toute signalisation directionnelle. Cela m'a déjà joué des tours alors cette fois-ci avec Google Maps j'ai noté avant de partir les villes où j'aurai des changements de direction et je passe mon temps à demander mon chemin pour passer d'un village à un autre. Les Colombiens sont assez bavards, j'ai souvent droit à de longues explications dont je ne comprends pas grand chose alors que je veux juste savoir si l'embranchement va bien dans la direction souhaitée.
Même si je suis encore loin du parc j'entre assez vite dans une zone montagneuse via une piste sinueuse. Les paysages sont assez plaisants. La route fait du yo-yo : parti d'une altitude d'environ 1000 mètres, je passe un col juste en dessous des 3000, redescends dans une vallée à 1500 mètres avant de remonter jusqu'à un autre col qui lui dépasse les 3000. Cela continue, je redescends cette fois-ci à 1000 mètres puis remonte à 2900 à l'entrée du parc.
J'alterne pistes poussiéreuses et routes en enrobée. Il y a parfois des travaux en cours pour renforcer un talus ou pour construire un beau viaduc. La dernière partie est la plus intéressante même si assez angoissante : une vallée assez étroite avec des talus amont (et sûrement aval) très verticaux qui sont un mélange de terre et de grosses pierres (pour ne pas dire de gros rochers) : on voit bien que l'érosion est à l'œuvre et je suis content quand j'arrive enfin à Güicán, un des deux villages d'accès au parc.
Après avoir demandé mon chemin, je suis conduit à pied par un jeune jusqu'au bureau du parc car il faut s'enregistrer et payer un droit avant de pouvoir randonner. Mais cela vient de fermer pour la pause déjeuner alors je vais moi aussi manger (soupe+plat+boisson pour environ 2 euros). Quand je reviens, il y a seulement une femme qui ne parle qu'espagnol mais je comprends l'essentiel : le parc est fermé. Je demande pourquoi mais ses explications me passent largement au dessus de la tête, mon peu de vocabulaire n'est pas suffisant. Je me dis que c'est peut-être à cause de la neige, les nombreuses pluies que j'ai eu ont dû donner pas mal de poudreuse ici. Il y a une piste qui longe le parc et rejoint l'autre entrée (le village d'El Cocuy) et je décide de la suivre. Je vois rapidement que mon hypothèse est erronée, la piste permet d'avoir une belle vue sur les sommets, il y a plusieurs glaciers bien visibles mais même à leur lisière pas une trace de neige. Le long de la piste il y a trois embranchements qui permettent d'entrer dans le parc. Au premier, fermé par une barrière, il y a deux autochtones : j'ai à peine fait une centaine de mètres à pied qu'un des deux s'approche et me demande de faire demi-tour : le parc est bien fermé mais je ne comprends toujours pas pourquoi. Au second embranchement, la piste est ouverte mais là encore j'ai à peine rouler dessus qu'un villageois se met devant ma voiture et me dit de partir. Juste avant le troisième embranchement il y a un bel espace pour stationner avec une vue imprenable sur les sommets. Ils sont un peu dans les nuages alors je décide d'attendre là et en fin de soirée cela se dégage enfin. Des militaires qui logent pas très loin me demandent ce que je fais, ils repartent assez vite. Un fermier souhaite que je vienne manger et dormir chez lui, apparemment il fait chambres d'hôtes mais j'ai tout ce qu'il faut, merci. Le site est tellement sympa que j'ai décidé de passer la nuit là malgré l'altitude, je suis à 3882 mètres d'altitude et c'est mon nouveau record pour un bivouac avec ma voiture.
Le lendemain matin je pars marcher sur la piste du troisième embranchement. Personne pour me bloquer cette fois-ci et je peux atteindre la limite officielle du parc marquée par des cabanes et panneaux d'informations. Il n'y a personne pour contrôler mais le sentier qui poursuit la piste est fermé avec de la rubalise jaune et noire, le temps n'est pas idéal (tous les sommets sont dans les nuages) et je n'avais rien pris pour randonner alors après quelques photos je fais demi-tour.
La voiture toussera un peu mais démarrera : le manque d'oxygène doit jouer sur la combustion. A El Cocuy il y a une belle maquette du parc. Dans un hôtel (soupe+plat+boisson pour 1.5 euros !) il y a de magnifiques photos du parc, je repars un peu dégoûté de n'avoir rien vu ou si peu.
Presque 10 jours plus tard je comprendrai enfin les raisons de la fermeture en allant dans un autre parc où un des guides parle un anglais impeccable : en fait El Cocuy est officiellement ouvert mais les autochtones, une communauté indienne, empêchent toute intrusion depuis 3 mois parce que les "touristes" laissent leurs déchets dans les montagnes. J'approuve à 100% même si j'en ai subi les conséquences.
Je me dirige maintenant vers une région assez vaste classée à l'Unesco car y sont cultivés des caféiers ce qui façonne des paysages originaux. Pour y accéder je vais passer à Bogota mais je souhaite éviter de traverser la ville (du fait de la mauvaise expérience de Guatemala, voir la nouvelle correspondante) alors je vais couper par des petites routes un peu au nord de la capitale. J'avais lu des mises en garde sur cette métropole avec certains quartiers à éviter mais c'est apparemment pire que cela comme décrit dans cet article édifiant publié après mon passage.
En attendant je traverse à nouveau des zones montagneuses assez plaisantes : j'oscille entre 2000 mètres et 3000 mètres d'altitude deux fois de suite avant de descendre à 1400 mètres et de remonter à plus de 3400 puis d'atteindre une longue vallée située autour de 2600 mètres entrecoupée de nombreux cols à 3000. Décidément, je ne pensais pas la Colombie aussi vallonnée.
Une montagne me plaît particulièrement, je me dis que je vais essayer de l'escalader mais quand j'arrive près d'un parking idéal pour démarrer il y a dessus 2 ou 3 camions de militaires et des hommes armées de mitraillettes scrutent le bord de la route alors je poursuis. Plus tard je vois des panneaux d'informations pour faire des randonnées mais les montagnes me plaisent moins et j'abandonne l'idée.
Je m'installe pour la nuit au nord de Bogota dans une rue d'un village qui débouche sur une station thermale fermée vue l'heure. Une voiture de police passe (je m'en rends compte à cause de ses lumières rouges et bleues clignotantes), fait demi-tour à la grille de la station thermale puis s'arrête à mon niveau. Après quelques échanges ils me laissent passer la nuit là, ouf, c'est assez urbanisé et j'avais eu du mal à trouver cet emplacement.
Je m'arrête là pour cette nouvelle. A venir une autre pour vous parler du sud de ce pays.
Je suis actuellement en Équateur où je suis resté plus d'un mois à faire des corrections sur mon site : je suis tombé sur un logiciel qui m'a scanné toutes mes pages et trouvé de nombreux bugs. J'ai ensuite passé toutes mes pages au "validator" pour vérifier qu'elles étaient aux normes html5 : j'avais fait déjà beaucoup de modifications (quand j'étais à Vancouver notamment) mais ils m'en restaient quelques unes à faire. J'ai d'ailleurs mis sur le forum deux sujets explicatifs car ces correctifs m'ont pris pas mal de temps du fait de l'absence sur Internet d'informations claires (pour ne pas dire erronées). J'ai également mis en place un sitemap ce qui a grandement amélioré la visibilité de mon site dans les outils de recherche tels que google, bing et yahoo. Enfin j'ai optimisé pas mal de code ce qui doit se ressentir dans le chargement de certaines pages.
J'ai aussi passé plusieurs jours à regarder comment rejoindre les Galapagos. Mais les tarifs sont prohibitifs, il faut compter plus de 1000 € pour une semaine sans croisière et plus de 2000 si on passe d'île en île pour voir les sites les plus intéressants. En regardant sur un catalogue de randonnées de 2010 et en comparant avec les tarifs actuels du même prestataire je me rends compte que ces prix exorbitants sont récents, ils ont tout simplement doublé en 6 ans alors que l'Équateur est un pays très peu cher (repas complet pour 2 €, litre de diesel à 25 centimes d'euros : je fais des pleins à 20/25 €, cela change de l'Italie où cela me revenait entre 100 et 120 €). Même si ces îles sont loin de tout (1000 km de la côte) et que tout doit y être importé, c'est un peu excessif et hors de mon budget. J'ai donc laissé tombé et je vais plutôt aller faire de la randonnée dans les montagnes.